La règle d’or pour vendre une innovation ou un changement

Il était une fois, il y a cent ans, le 16 octobre 1923, les frères Walt et Roy, fondent les Disney Brothers Studios dans leur garage californien. Cette TPE de courts métrages animés a survécu aux crises successives. Pour devenir un leader mondial du divertissement, elle est parvenue non seulement à innover dans son offre de produits mais aussi à déployer une communication efficace.

La liste des innovations de The Walt Disney Company est impressionnante, pour ne citer que celles qui ont connu le succès : synchronisation image et son (Steamboat Willy), dessin animé en couleurs (Silly Symphonies), long métrage d’animation (Blanche-Neige et les Sept Nains), produits dérivés (jouets, vêtements…), synergie marketing et media (ciné, presse, tv), université pour artistes animateurs (Cal Arts), films en 3 D (Tron, Pixar), chaîne tv câblée (Disney Channel), boutiques (Disney Stores), shows de Broadway (The Lion King),  immobilier (Storyliving), bateaux de croisières (Disney Cruise Line), conventions de fans (D23), SVOD (Disney +), …

La plus fameuse innovation reste bien sûr la diversification dans le tourisme avec la création de Disneyland le 17 juillet 1955. Walt Disney souhaite offrir aux familles un divertissement de meilleure qualité que les traditionnelles fêtes foraines, avec plus de sécurité et de propreté et où les parents s’amuseront autant que leurs enfants. Il transcende le concept du parc d’attractions (Luna Park) par l’invention du parc à thèmes. 

“Ce n’est un secret pour personne que nous avons misé tout notre argent sur la possibilité que les gens s’intéressent à quelque chose de totalement nouveau et d’unique dans le domaine du divertissement.”

Walt Disney

L’innovation majeure consiste en des scénographies réalistes de type décors de cinéma qui plongent les visiteurs dans les univers enchantés des films ou des périodes magnifiées de l’histoire nord américaine (conquête de l’Ouest, Gilded Age et même le futur). Les attractions et manèges sont thématisés, mais pas seulement.

Le parc, coupé de la vie réelle par des buttes végétalisées, est divisé en 5 mondes fantaisistes avec chacun une histoire spécifique. Restaurants, boutiques et hôtels, à thèmes eux-aussi, viennent compléter l’offre pour une expérience totale avec dépaysement garanti. Un vrai saut à pieds joints dans les dessins à la craie sur le trottoir du ramoneur Bert dans « Mary Poppins » !

À produit disruptif, communication disruptive

Pour promouvoir son concept de parc à thèmes, Disney innove aussi dans sa communication, tant sur la forme que sur le fond. En 1954, il est le premier studio à signer un contrat avec une chaîne de télévision. Il balaye d’un revers de main le snobisme des nababs d’Hollywood pour la télévision, ce trivial média populaire. Le pragmatique Disney s’adresse à son public là où il est. Et il fait ce qu’il sait le mieux faire : raconter des histoires.

Pour le network ABC, il produit une émission dominicale qui s’appelle… « Disneyland » ! Ce programme d’une heure présente chaque semaine un nouvel aspect de l’offre du futur parc à thèmes : un land, une attraction, l’avancée des travaux, etc.

Chaque sujet est illustré par un film, une série, un reportage qui s’adressent à la fois à la raison et au cœur des spectateurs. C’est là, par exemple, que sont nées les séries “Zorro” et “Davy Crocket” pour promouvoir Frontierland. Cette publicité continue, sur une chaîne nationale pendant deux ans, fonctionne si bien que l’inauguration connaît un succès de fréquentation phénoménal. 

Toute innovation a une histoire

Quand on étudie les biographies d’entrepreneurs plus récents, on découvre combien Walt Disney en a inspirés plus d’un, en établissant de nouvelles règles dans le monde des affaires et de la communication. Lui et ses équipes maîtrisent le storytelling comme personne.

Un autre génie des affaires, un vendeur hors pair, Steve Jobs a su pousser à son paroxysme l’utilisation du storytelling pour vendre ses produits. Toujours sous l’angle de la révolution, de la disruption ou de l’innovation. Dans son livre de conseils en affaires, « Build », Tony Fadell, l’inventeur de l’iPod, de l’iPhone ou encore de Nest, révèle quelques secrets de Steve Jobs en matière de storytelling pour vendre un produit innovant. 

Jobs applique exactement les mêmes principes que Disney pour présenter un nouveau produit disruptif. Tony Fadell détaille le principe :

« Tout produit doit avoir une histoire, un récit qui explique pourquoi son existence est essentielle et comment il va résoudre les problèmes de votre client. (…) Et cette histoire n’existe pas uniquement dans le but de vendre votre produit. Elle vous aide à le définir, à le comprendre, et à comprendre vos clients. 

C’est elle que vous racontez à vos investisseurs pour les convaincre de vous donner de l’argent, à de nouveaux employés pour les convaincre de rejoindre votre équipe, à des partenaires pour les convaincre de travailler avec vous, et à la presse pour convaincre les journalistes de s’y intéresser. Et enfin, c’est elle que vous racontez à vos clients pour les convaincre qu’ils veulent ce que vous vendez. 
»

Et tout commence par « pourquoi »

Tony Fadell poursuit : « Une bonne histoire comprend trois éléments : elle fait appel aussi bien au côté rationnel qu’au côté émotionnel des gens ; elle prend des concepts complexes et les simplifie ; elle rappelle aux gens le problème que le produit résout – elle se concentre sur le « pourquoi ». 

(…) Pourquoi ce produit doit-il exister ? Pourquoi est-il important ? Pourquoi les gens en auront-ils besoin ? Pourquoi vont-ils l’aimer ? Pour trouver ce « pourquoi », vous devez comprendre le cœur du problème que vous essayez de résoudre, le vrai obstacle auquel vos clients sont confrontés régulièrement. 
»

C’est le fameux « pain point » du pitch pour emporter l’adhésion ou vendre votre produit ou une idée. Vous décrivez le mal que vous soulagez. Le but est que tout le monde croie à l’utilité de votre produit. Évitez d’apparaître comme une solution en quête d’un problème. 

« Lorsque j’ai commencé à travailler sur Disneyland, ma femme me disait : “Mais pourquoi veux-tu construire un parc d’attractions ? Ils sont tellement sales.” Je lui ai répondu que c’était justement le but, et que le mien ne le serait pas. »

Walt Disney

Cet argument de Disney sur la propreté pour faire venir les gens dans son parc n’aurait pas été suffisant pour les convaincre. Si vous ne soulagez pas un mal, faites comme lui dans ses émissions de télé promotionnelles pour Disneyland, permettez aux gens de faire des choses qu’ils ne pouvaient pas faire avant, dépeignez le meilleur des mondes que vous offrez. En l’occurrence ici le royaume magique Disneyland.

Le savant mélange rationnel et émotionnel

Une bonne histoire fait preuve d’empathie. Elle reconnaît les besoins de son public. Et elle combine des faits et des émotions dans un juste équilibre pour le client. 

Dans un premier temps, il vous faut suffisamment de connaissances et d’informations concrètes pour étayer votre argument. 

Dans un second temps, il est essentiel de faire appel à leurs émotions, de toucher à quelque chose qui leur tient à cœur. Leurs inquiétudes, leurs peurs. Ou de leur présenter une vision engageante de l’avenir : donnez un exemple concret pour qu’ils se projettent dans leur vie quotidienne en faisant l’expérience de votre innovation.

« Raconter des histoires est tout un art, précise Tony Fadell. Mais c’est aussi une science. Souvenez-vous par ailleurs que le cerveau de vos clients ne fonctionne pas toujours comme le vôtre. Dans certains cas, un argument rationnel peut créer un lien émotionnel. Dans d’autres, une histoire émotionnelle donnera aux gens les munitions rationnelles dont ils avaient besoin pour acheter votre produit. »

Les plus courtes sont les meilleures

Vous devez donc trouver l’occasion d’élaborer des histoires qui resteront dans les esprits de celles et ceux que vous voulez convaincre et les pousseront à continuer de parler de vous.

Tony Fadell rappelle une vérité qu’on oublie bien souvent : « Les histoires courtes sont faciles à mémoriser. Et plus important encore, elles sont faciles à répéter. La transmission de votre histoire d’une personne à une autre aura un pouvoir persuasif bien plus grand que n’importe quelle campagne publicitaire. 

Votre objectif doit toujours être de raconter une histoire si efficace qu’elle finit par ne plus vous appartenir – une histoire que votre client va apprendre, aimer, intérioriser, posséder. Et qu’il va raconter à tout le monde
. »

C’est exactement ce qu’a réussi à faire Walt Disney avec ses émissions « Disneyland ». En bon pédagogue, il était parvenu à rendre familier le concept innovant du parc à thèmes bien avant son ouverture.


Guilty Pleasure

Bande-annonce de la série documentaire « Le Journal d’Andy Warhol ». © Netflix

Diffusée sur Netflix, “Le Journal d’Andy Warhol” est une série documentaire palpitante. Basé sur les écrits de l’artiste dans ses carnets intimes, le documentaire de six épisodes retrace de façon chronologique les quinze dernières années de la vie du pape du pop art.

Mais aussi pape de l’innovation et de la communication. Warhol est celui qui a su mieux que personne innover sans cesse dans son domaine tout en sachant communiquer dessus. Il s’était créé un personnage public atypique mais reconnaissable avec ses perruques argentées, ses looks travaillés et ses lunettes noires. Dans l’intimité, un être plus sensible mais fort aussi se révèle.

Ces sept heures d’archives vidéos, de photos et d’interviews de proches, offrent des points de vue sincères et personnels sur Warhol. Tout au long du documentaire, la voix off de l’artiste, reconstituée par un outil d’intelligence artificielle, lit les extraits du Journal. C’est plutôt bluffant.

“Le Journal d’Andy Warhol” est à voir sur Netflix.


Citation

Monologue de Tyrion Lannister. © HBO

« Qu’est-ce qui unit les peuples ? Les armées ? L’or ? Les drapeaux ? Non. Ce sont les histoires. Il n’y a rien au monde de plus puissant qu’une bonne histoire. Rien ne peut l’arrêter. Aucun ennemi ne peut la vaincre. »

Extrait du monologue de Tyrion Lannister, interprété par Peter Drinklage, dans le dernier épisode (S8 E6) de « Game of Throne ».

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portrait de Jeff Bezos

Simplifier sa communication comme Jeff Bezos

Voilà bientôt 30 ans qu’Amazon a été lancée et peu d’entreprises ont connu une expansion mondiale aussi fulgurante. Beaucoup ont décrit et analysé les stratégies de son fondateur Jeff Bezos. Mais penchons-nous aujourd’hui sur l’une des soft skills clés de son leadership : la communication. Il excelle pour partager sa vision et emporter l’adhésion de ses interlocuteurs. Comment le plus grand commerçant du monde a fait de la communication un avantage concurrentiel ?

Carmine Gallo est enseignant à Harvard et coach en communication pour dirigeants. Il est l’auteur de nombreux succès de librairie dont “Devenez un grand orateur TED”. Ses livres sont traduits dans plus de quarante langues. Son dernier ouvrage “The Bezos Blueprint” révèle les stratégies de communication mises au point par Jeff Bezos.

Pour l’équipe dirigeante d’Amazon, les lettres annuelles aux actionnaires de Bezos sont des modèles de communication dans les affaires. Carmine Gallo a analysé chacune des 24 lettres écrites personnellement par l’ex-PDG d’Amazon de 1997 à 2020. Malgré la complexité des sujets, leur écriture est simple et accessible au plus grand nombre. La simplicité est une priorité.

Le test Flesh-Kincaid

La lisibilité est une mesure de la qualité de l’écriture. Le score indique dans quelle mesure un lecteur moyen a du mal à comprendre un texte. Rudolf Flesch était un linguiste américain, expert en stylistique. Il crée le score de lisibilité en 1940 pour évangéliser une prose simple et non compliquée. Son test est basé sur la longueur moyenne des phrases et des mots, entre autres variables.

Dans les années 1970, le scientifique Peter Kincaid travaille avec Flesh pour rendre la formule plus facile à interpréter. Ensemble, ils convertissent les scores de lisibilité en niveaux scolaires. Le test de Flesh-Kincaid examine le nombre de mots dans une phrase, le nombre de syllabes par mot et le nombre de phrases écrites à la voix active par rapport à la voix passive.

Si vous écrivez pour un large public d’adultes, le niveau scolaire à viser est 8th grade (= la classe de 4e dans le système scolaire français). Un contenu rédigé au niveau 8th grade peut être lu et compris par 80 % des Américains. À titre de comparaison, les travaux universitaires, incompréhensibles pour la grande majorité des lecteurs, sont rédigés pour des niveaux de 16th à 18th grade (= master à doctorat). Les livres de la série Harry Potter peuvent être lus par des élèves de 6th grade à 8th grade (= de la 6e à la 4e).

“Chaque fois que l’on simplifie quelque chose et que l’on réduit les frictions, on en obtient davantage.”

Jeff Bezos

L’importance de la simplicité

Un score de lisibilité de 7th grade (= la 5e) ne signifie pas que vous parlez comme un élève de 12 ans. Le score ne reflète pas la complexité ou la sophistication du discours d’une personne. Il indique simplement la quantité d’énergie mentale que l’auditeur ou le lecteur doit déployer pour absorber et comprendre l’information. Plus il est facile de suivre un discours ou une présentation, plus il est probable que votre public se souviendra de votre message et agira en conséquence. Lorsque vous exprimez des idées complexes de manière simple, vous n’êtes pas en train d’abêtir le contenu.

Selon une étude publiée dans la Harvard Business Revue“la simplicité augmente la fluidité de traitement du cerveau. Des phrases courtes, des mots familiers et une syntaxe claire garantissent que le lecteur n’a pas à faire trop d’efforts cérébraux pour comprendre ce que vous voulez dire”. Pour Gallo, “les leaders qui simplifient les idées n’affaiblissent pas leur contenu ; ils sont plus malins que leurs concurrents.

La simplicité comme stratégie de leadership

L’écriture, comme toute autre compétence, peut être améliorée. Bezos a affiné son écriture au fil du temps. Le tableau ci-après compare la première lettre aux actionnaires que Bezos a écrite en 1997 à sa dernière en tant que PDG. Au fur et à mesure qu’Amazon prenait de l’ampleur, les lettres devenaient également plus longues. Mais en écrivant plus souvent, Bezos est devenu un meilleur rédacteur. La longueur de ses phrases a diminué de quatre mots en moyenne. Et le nombre d’années d’études nécessaires pour lire les lettres a baissé de deux niveaux, de 10th grade (= la 2de) à 8th grade (= la 4e).

Écrire dans un langage qu’un collégien moyen peut comprendre est un exploit. Ça l’est d’autant plus que Bezos traitait de sujets financiers complexes et d’innovations technologiques encore méconnues (intelligence artificielle, machine learning, data management). L’efficacité de la communication est une des compétences prioritaires pour Jeff Bezos. “Les employés ont pour instruction de viser un niveau Flesh-Kincaid de 8 ou moins”, révèle Carmine Gallo.

Jeff Bezos a contribué à la création des 16 principes de leadership définissant la culture de travail d’Amazon. La manière dont les principes sont rédigés est l’une des principales raisons pour lesquelles ils sont parfaitement intégrés et compris par les personnes à tous les niveaux de l’organisation. L’ensemble du document en Français ne comporte que 1125 mots rédigés dans un langage de classe de 5e. Chaque principe est simple, clair et cohérent. Il comprend quelques phrases courtes qui le traduisent en comportements souhaitables. Ils sont faciles à mémoriser et à suivre. “La formulation claire de ces principes est une stratégie de leadership calculée”, d’après Carmine Gallo.

L’app Hemingway

Ernest Hemingway est connu pour son style dépouillé. “Son écriture est simple, réduite à l’essentiel. Il travaille avec un nombre limité de mots. Il fait des phrases courtes. Il utilise peu ou pas d’adverbes et d’adjectifs. Le style est lapidaire, direct. Mais on sent qu’il y a de la matière sous la surface. Le texte devient un réduit, un concentré. Pourcentage de gras : zéro !”, explique Dominique Lebel dans “L’Actualité”.

Aujourd’hui, le nom Hemingway désigne aussi un éditeur qui vous aide à simplifier vos textes. Il est disponible gratuitement en ligne ou en payant une app téléchargeable sur votre ordinateur. Bien que destiné aux textes anglais, Hemingway fonctionne aussi partiellement en français. C’est comme un correcteur d’orthographe, mais pour le style. Il repère vos phrases trop longues ou à la voix passive, vos adverbes trop nombreux et vos mots complexes en surlignant de différentes couleurs les passages concernés. Son utilisation est simple. Évidemment, je l’ai testé pour améliorer cet article. Voici les statistiques comparées de la première et de la dernière version. 

L’aide en ligne d’Hemingway  est sans doute l’une des plus faciles et rapides à comprendre pour une app. L’inverse aurait été un comble ! La dernière FAQ rappelle un principe de bon sens : “Mais que se passe-t-il si je veux enfreindre les règles ? Les règles sont faites pour être transgressées. Si vous savez ce que vous faites, ne vous laissez pas arrêter. Considérez nos suggestions comme telles.”

Application ou intelligence artificielle (cf. ChatGPT), conservons notre libre-arbitre, assumons les conséquences de nos choix. En art, c’est la liberté absolue. En entreprise, c’est l’efficacité absolue. Après les coupes et les réécritures, le temps de lecture de cet article a réduit de plus d’une minute. Il demeure encore trop long pour une newsletter ? Ok, on fera mieux la prochaine fois !

Photo en haut : Jeff Bezos, président exécutif d’Amazon. © Amazon 


Guilty Pleasure

© Netflix

« C’est un putain de juke-box infini ! » C’est par ces quelques mots que le patron de Sony Music Suède prend soudain conscience de la puissance disruptive de Spotify. En 2006, son fondateur, Daniel Ek, applique les préceptes de Jeff Bezos : mettre le client au cœur de la stratégie produit et simplifier au maximum l’expérience utilisateur. Il est le premier à lancer un site de streaming musical légal. Spotify représente un bouleversement technologique et commercial majeur du marché du disque. Les conséquences à la fois industrielles et humaines, sont à juste titre soulignées dans la série.

« The Playlist » est une mini-série captivante tant sur le fond que sur la forme. En six épisodes, elle raconte l’histoire de la création de Spotify selon les points de vue de six personnages. L’exercice que l’on croit artificiel au début se révèle vite un tour de force scénaristique. Le sixième épisode que je pensais inintéressant s’est avéré passionnant. La direction artistique, les parti-pris de mise en scène et le jeu des acteurs sont un régal. 

“The Playlist” est à savourer sur Netflix.


Citation

Woodrow T. Wilson, Président des États-Unis de 1913 à 1921. © Rue des archives/BCA/CSU

« Si je dois parler pendant dix minutes, il me faut une semaine pour me préparer ;
pour quinze minutes, il me faut trois jours ;
pour une demi-heure, il me faut deux jours ;
pour une heure, je suis prêt maintenant. »

Woodrow T. Wilson

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Quatre des membres du jury de l’émission “Qui veut être mon associé ?” (saison 2) sur M6 : Sophie Méchaly, Jean-Pierre Nadir, Marc Simoncini et Isabelle Weill.

Influencer la décision d’un groupe

Emporter l’adhésion d’un groupe n’est pas une chose aisée, n’est-ce pas ? 

Les entrepreneurs, qui participent à l’émission de M6 “Qui veut être mon associé ?” pour lever des fonds, le savent bien eux aussi. Face à un jury de cinq investisseurs reconnus, ils pitchent leurs projets pour les convaincre de s’engager à leurs côtés. L’un des grands intérêts de cette émission est d’observer le processus de décision de chaque investisseur. Jugent-ils de façon indépendante ou sous l’influence de leurs pairs ?

Dans mon précédent article, je vous ai présenté l’une des théories du passionnant livre “Noise” sur la quasi impossibilité de prédire l’avenir à moyen ou long terme. En tant que professionnel de la communication, un autre chapitre a attiré mon attention : les méfaits du bruit dans la prise de décision collective. 

Les auteurs décrivent notamment les mécanismes en jeu au sein d’un groupe au moment de porter un jugement. “En pratique, des différences mineurs (qui parle le premier, qui s’exprime avec assurance, qui sourit ou fronce les sourcils à un moment donné) peuvent conduire un groupe à dire “oui” et un groupe quasi identique à dire “non”.” Identifier, voire anticiper, le bruit au sein d’un groupe peut vous permettre d’adopter une communication adaptée pour emporter son adhésion.

L’influence sociale

Le mois dernier, le Centre national de la musique a rendu public les résultats de la première étude au monde sur l’authenticité des chiffres du streaming musical et a révélé l’ampleur de la manipulation frauduleuse des écoutes en ligne : entre 1% et 3% en 2021, ce qui représente entre 1 et 3 milliards de streams détectés comme étant falsifiés. Augmenter artificiellement le nombre d’écoutes ou de vues par des robots ou des personnes physiques a pour but de générer plus de revenus, d’améliorer la performance d’un artiste ou de sa musique.

Ces pratiques illicites s’appuient sur un phénomène bien connu : l’influence sociale. Concrètement, quand une chanson rencontre le succès très tôt, elle finit souvent très bien classée. En ayant accès aux nombres de vues ou d’écoutes, les utilisateurs des plateformes de streaming s’influencent naturellement les uns les autres. L’influence sociale joue un rôle très important quand les jugements ne sont pas produits de façon indépendante. 

Les auteurs de “Noise” la décrivent ainsi : “Imaginez un petit groupe – par exemple, une dizaine de personnes – qui discute d’un ambitieux nouveau projet. Si un ou deux partisans du projet sont les premiers à s’exprimer, il y a de bonnes chances qu’ils entraînent les autres dans leur sens. Et il en ira de même si ce sont deux sceptiques qui parlent en premier. Il suffit pour cela que les membres du groupe soient influencés les uns par les autres, ce qui est généralement le cas. C’est ainsi que des groupes en tout point comparables peuvent prendre des décisions très différentes.”

Tous droits réservés

Les effets de cascade

La mécanique de l’influence sociale est accentuée par deux phénomènes : les cascades informationnelles et la pression sociale. Imaginez ce même groupe de dix personnes qui se réunissent pour choisir entre plusieurs candidats à un poste important. Les participants à la réunion s’expriment, comme c’est l’usage, l’un après l’autre. Chacun naturellement est à l’écoute du jugement de ses pairs. Les premières opinions exprimées vont influencer les suivantes, grâce à la confiance mutuelle entre les participants. Vous avez sans doute déjà vécu cette situation, même si initialement votre avis était peut-être contraire. Vous vous êtes rallié à la majorité, soit parce que vous manquiez d’informations pour porter un jugement, soit parce que vous doutiez de votre propre capacité à évaluer spécifiquement cette situation, soit parce que vous saviez écouter les arguments d’autrui et qu’ils vous avaient convaincu. 

On imagine aisément que cet effet va croissant avec le nombre de personnes qui expriment une opinion concordante. Plus celles qui ont exprimé une préférence pour un même candidat seront nombreuses, et plus on hésitera à s’opposer à elles sans de très solides raisons. Cette mécanique de cascade informationnelle est présente dans tous les groupes. “Le consensus que nous interprétons comme le reflet de la sagesse collective peut n’être que le produit des opinions initiales de quelques personnes”, relèvent les auteurs de “Noise”.

« C’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison. »

Coluche

La pression sociale est l’autre phénomène à l’oeuvre qui conduit à une prise de décision unanime au sein d’un groupe. Dans une entreprise, il arrive que l’on choisisse de taire son désaccord, pour ne pas donner l’impression d’être négatif, borné, agressif ou antipathique. “Le paradoxe de la cascade de pression sociale est identique à celui de la cascade informationnelle : on a tendance à surestimer la conviction des personnes qui se sont déjà exprimées, et à sous-estimer le rôle qu’a joué la pression sociale dans la formation de leur opinion. C’est ainsi qu’on ajoute sa voix au consensus, et qu’on accroît le niveau de pression sociale sur les participants suivants. Dans toutes les organisations, la conjonction des cascades informationnelles et des cascades de pression sociale peut produire une grande confiance, et un soutien unanime, sur un jugement totalement erroné.”

Compte tenu des risques d’erreur lorsque des décisions importantes sont prises à l’issue d’un processus délibératif, il est essentiel de bien préparer votre présentation. Lorsque vous avez besoin de faire approuver une recommandation à un groupe de décideurs (managers, patrons, actionnaires), il convient d’adapter votre stratégie de communication en anticipant la dynamique du groupe.

Anticiper la dynamique de groupe

La première chose à faire est de connaître parfaitement votre auditoire. Comment le groupe a-t-il l’habitude de délibérer ? Si vous n’avez pas encore fait de réunion avec ce groupe, qui pourrait vous informer ? Qui va prendre la décision à propos de votre projet ? Quelles sont les personnes qui vont influencer cette décision ? Quels sont les véritables objectifs de chacun – leurs “agendas” ? Qui est a priori favorable et qui est contre votre recommandation ? Il s’agit d’effectuer un véritable mapping de votre audience. Vous pouvez alors anticiper les questions qui vous seront posées, les sujets prioritaires pour chacun, et ainsi être vigilant sur la dynamique du groupe. En tenant compte de l’influence sociale et des effets de cascade propres à ce groupe, vous êtes en mesure d’apporter les informations les plus utiles aux personnes les plus influentes en vue d’obtenir une délibération qui vous soit favorable.

Le mapping de votre audience et la connaissance de la dynamique du groupe peuvent révéler des points de friction ou des risques d’opposition à votre recommandation. N’hésitez pas alors à faire campagne comme un politique ferait du porte-à-porte en quelque sorte. En amont de la réunion, vous rencontrez individuellement chaque membre du groupe de décideurs et vous leur présentez votre stratégie. Chacun a le temps de se forger un avis de façon indépendante sans le bruit généré par les opinions des autres. Autre avantage considérable pour vous, vous allez peut-être découvrir un sujet bloquant que vous n’aviez pas anticiper, et cela vous permet d’ajuster votre recommandation pour le jour J. Dernier atout et pas des moindres, vous vous faites des alliés. En les consultant en amont, vous leur prouvez que leur opinion compte et vous pratiquez ainsi de la reconnaissance pour leurs compétences. Le besoin de reconnaissance est l’un des moteurs les plus puissants chez l’être humain.

Au moment de la présentation, allez droit au but. Pour obtenir une décision d’un dirigeant, fournissez une recommandation claire avec une structure solide et un contenu facile à lire. Certains dirigeants accordent un créneau d’une demi-heure à chaque idée, mais si vous êtes prévu pour trente minutes, ne préparez formellement que dix minutes solides – car vous serez interrompu. De nombreux cadres supérieurs peuvent rapidement “voir” la majeure partie de l’idée, et ils vous interrompront soit pour clarifier les parties qu’ils ne peuvent pas voir, soit pour vous demander ce qu’ils pensent devoir faire. Répondre aux questions en cours de présentation vous permet ainsi de purger immédiatement les sujets qui pourraient leur poser problème.

Comme toujours, le secret d’une communication réussie réside dans sa préparation.

Photo en haut : De gauche à droite : Jean-Pierre Nadir, Delphine André, Marc Simoncini, Éric Larchevèque et Anthony Bourbon de l’émission “Qui veut être mon associé ?” (saison 3) sur M6. © Pierre-Olivier / M6


Guilty Pleasure

© 2021 20th Television

Il est rare de trouver une série qui fait autant l’unanimité des critiques et du public. “Dopesick” relate le plus gros scandale sanitaire américain de ces 20 dernières années : la crise des opioïdes. L’Amérique est devenue accro à un antidouleur d’une redoutable efficacité, l’OxyContin, provoquant un demi-million de morts par overdose.

Cette série choc raconte comment un laboratoire pharmaceutique a pu pendant des années répandre impunément ce fléau avant d’être enfin coincé par la justice. On y découvre entre autres comment ils ont menti et manipulé leurs salariés, les médecins et les patients en s’appuyant sur les effets de cascade et l’influence sociale. Malgré les premières alertes, tout le monde se convainc que tout va bien et la cupidité fait le reste.

“Dopesick” est à voir sur Disney+.


Citation

photo : Nadar © Maison de Victor Hugo

« Soyez comme l’arbre, changez vos feuilles, mais jamais vos racines. Vous pouvez changer vos opinions, mais jamais vos principes. »

Victor Hugo

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Optimisez vos présentations à des dirigeants

Le 15 avril 2022, je répondais aux questions du podcast Legal Club Sandwich 🥪 où je partageais des conseils pour réussir vos présentations à des dirigeants. 

Que vous soyez juristes ou non, ces conseils devraient vous être utiles pour toutes vos présentations à des publics importants. Découvrez ce nouvel épisode passionnant et … fun !

🖥 Regardez le replay sur Youtube : https://youtu.be/bx6q32xlJ2g

🎧 Écoutez l’épisode en podcast : https://bit.ly/3Mfm2dH

Un grand merci à Pierre LandyLyndia Lesauvage et Audrey Déléris pour leur invitation.


photo de l'entrée du musée de la famille de Walt Disney à San Francisco

Walt Disney et la maîtrise du storytelling en communication

J’ai pris cette photo, il y a exactement neuf ans, le 14 juillet 2011 à San Francisco. Il s’agit du musée Walt Disney fondé par sa fille Diane. Vous pouvez le visiter virtuellement. L’heure sur ma photo indique 16h15 et je me souviens très bien avoir été le dernier visiteur à sortir à la fermeture de 18h. Je sais ce que vous vous dites : “Comment peut-on y passer autant de temps ?” J’y redécouvre le fascinant parcours entrepreneurial de Walt Disney.

À trente ans, il est déjà célèbre dans le monde entier. À quarante ans, il est salué comme un génie et distingué par un titre de docteur Honoris Causa de Yale et de Harvard. L’empire des médias et du divertissement qu’il a bâti s’inscrit parmi les plus puissants de la planète. Il a reçu plus d’Oscars que quiconque dans l’industrie, créé une forme d’art cinématographique (l’animation) et inventé les parcs à thèmes.

L’expression même de “parc à thèmes” est une trouvaille de Walt Disney en opposition à “parc d’attractions”, opéré traditionnellement par les forains. Il crée une destination de loisirs sécurisée et de qualité pour toute la famille. À Disneyland, toutes les attractions, boutiques et restaurants contribuent à raconter des histoires, celles provenant de ses propres films mais aussi de la culture populaire. Sur Disney +, une passionnante série documentaire révèle le travail des concepteurs des parcs à thèmes Disney, les imagénieurs. Même leur nom, qui est une contraction des mots imagination et ingénieur, est un hommage au pouvoir de la création. Le parc à thèmes est scindé en quatre ou cinq lands distinctifs, prometteurs d’expériences diversifiées. Concevoir un land, c’est avant tout raconter une histoire. Et c’est justement le point fort de Walt Disney tout au long de sa carrière.

Pour promouvoir sa vision d’un nouveau genre de parc d’attractions ordonnées par thèmes, il présente tous les dimanches sur ABC un programme TV d’une heure appelé Disneyland. Deux ans avant l’inauguration du parc californien, il initie les enfants et leurs parents aux différents lands, attractions et boutiques avec les histoires qui les sous-tendent. Il raconte à quoi ressemblera leur visite du parc à thèmes avec de nombreuses maquettes de modèles réduits ainsi que des plans et des dessins. Tout en dévoilant progressivement son projet, il enflamme l’imaginaire des téléspectateurs. Puis il propose un épisode d’une série spécialement créée pour ce programme télévisuel et en lien avec les thèmes de Disneyland qu’il vient d’aborder. C’est ainsi qu’est née la célèbre série Davy Crockett en écho à Frontierland, le land des mythes et légendes de la conquête de l’Ouest américain. L’émission atteint son apogée le 17 juillet 1955 avec la moitié des foyers américains devant leur poste regardant la retransmission en direct de l’inauguration de Disneyland.

© TB

Parmi les quelques photos prises avec mon iPhone en 2011 dans le musée, je retrouve celle du Golden Globe reçu par Walt Disney pour cette émission. On peut y lire : “To Walt Disney for Best American Story Telling on the TV Program Disneyland 1955”.Disney était un génial businessman qui savait utiliser le pouvoir des histoires pour emporter l’adhésion de son public : “Au cours de nos années d’expérimentations et de pratiques, nous avons appris une chose fondamentale pour apporter du plaisir et des connaissances, à des personnes de tous âges et de toutes conditions, et qui est la base de toute communication publique : le pouvoir de relier des faits, ainsi que des fables, sous forme d’histoire.”

Marty Sklarr, un imagénieur qui a débuté avec Walt Disney disait de lui : “Il était l’un des meilleurs vendeurs de notre temps car il n’a jamais essayé de vendre une chose en laquelle il ne croyait pas.” Ce pourrait être un sage conseil à se remémorer lors de vos prises de parole et plus particulièrement pour l’écriture de vos speeches et pitchs. Utiliser la technique du storytelling, sans vision stratégique, sans sincérité, sans un ancrage authentique manque d’impact sur l’auditoire, qui ne se sent pas concerné par l’histoire. Cela pourrait même être perçu pour de la manipulation. Or, la force du storytelling réside dans sa capacité à toucher le public. “Les histoires sont jusqu’à 22 fois plus mémorables que les faits ou les chiffres seuls”déclare Jennifer Aaker, professeur de marketing à la Stanford Graduate School of Business


Pourquoi le storytelling nous touche-t-il tant ? 

Parce que notre cerveau est très sensible aux bonnes histoires (émotion, noeud dramatique, résolution). Les expériences de Paul J. Zak, professeur d’économie, de psychologie et de gestion à Claremont Graduate University, montrent qu’avec une bonne histoire le cerveau sécrète de l’ocytocine, souvent appelée “hormone du bonheur”.Elle est connue notamment en ce qui concerne la confiance, la générosité et l’empathie. Plus empathique, l’auditoire est alors plus enclin à être convaincu et à agir dans le sens suggéré par l’orateur. “En termes d’impact, cela réduit en pièces la présentation PowerPoint standard”, déclare Zak.

En communication interne, le storytelling est aussi très efficace lorsqu’il rappelle la mission de l’entreprise, ses valeurs, son histoire et celle de son fondateur. Il permet de redonner du sens, de la perspective là où les faits et les chiffres procurent peu d’inspiration et de motivation. Paul J. Zak le conseille pour toutes vos actions de communication : Lorsque vous voulez motiver, convaincre ou qu’on se souvienne, commencez par une histoire. (…) Elle capturera le cœur de votre auditoire – en attirant d’abord leur cerveau.”

En bons storytellers, les successeurs de Walt Disney à la direction du Groupe, Michael Eisner et Bob Iger essentiellement, ont su appliquer cette règle en matière de communication – parmi d’autres méthodes de gestion des affaires efficaces – pour garantir le succès continu de The Walt Disney Company pendant des décennies. Mercredi matin, c’était la réouverture de Disneyland Paris après quatre mois de fermeture pour cause de Covid-19. Je repense à mes heureuses années en tant que Cast Member au début des années 90 à Marne-la-Vallée. De tout coeur, j’adresse tous mes voeux de courage et de réussite aux équipes qui continuent d’écrire l’histoire du plus beau des parcs à thèmes Disney.

Photo en haut : © Arnaud Cazet


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photo de Barack Obama dans le bureau ovale de la Maison Blanche

Le message d’espoir de Barack Obama

Barack Obama se laisse caresser les cheveux par le fils d’un employé de la Maison Blanche, ravi de voir que le Président a les mêmes que lui, le 8 mai 2009. Aujourd’hui, ce petit garçon doit avoir 15 ou 16 ans. Et ses parents ont déjà dû lui apprendre qu’il devait rester très prudent et coopératif lorsqu’il subit un énième contrôle d’un policier blanc, au risque d’être blessé et même de perdre sa vie.

L’espoir anti-raciste suscité par les deux mandats de Barack Obama semble s’être envolé aujourd’hui. Mais cet ex président est un activiste optimiste dans l’âme, il était de tous les combats pour soutenir les communautés noires et pauvres des quartiers sud de Chicago bien avant sa première élection de sénateur. Le 1er juin dernier, il a repris la plume pour un message d’espoir, de paix et d’engagement qu’il a publié sur le site Medium. Aujourd’hui, servons-nous de cette traduction française de son texte par le site Stay Hungry pour analyser ce qui le rend si impactant.

Pourquoi les médias se sont-ils autant fait l’écho du texte de Barack Obama ?

  • Tout d’abord parce qu’il fait de la politique en incitant les jeunes à aller voter, en pleine campagne présidentielle. Il vise une génération qui se sent concernée par la lutte contre le racisme. Si cette frange de la population majoritairement abstentionniste se rend dans les bureaux de vote, cela pourrait donner un sérieux coup de pouce à Joe Biden : “(…) voir l’activisme accru des jeunes ces dernières semaines, de toutes les races et de toutes les origines sociales, me donne de l’espoir.”
  • Parce qu’il fait preuve de hauteur de vue face aux discours pyromanes de Trump. Il milite pour la paix comme les grands leaders noirs qui l’ont précédé, Martin Luther King et Nelson Mandela. Sa prise de parole s’inscrit dans la tradition des appels à la non-violence de toutes celles et tous ceux qui, comme lui en 2009, ont reçu le Prix Nobel de la Paix : “(…) la petite minorité de personnes qui ont eu recours à la violence sous diverses formes, que ce soit par colère véritable ou par simple opportunisme, mettent des innocents en danger.”
  • Parce qu’il exprime sincèrement, sans désir de manipuler, ses croyances et ses valeurs. Il défend l’action publique, à laquelle il est viscéralement attaché : “j’ai entendu certains dire que (…) le vote et la participation à la politique électorale sont une perte de temps. Je ne pourrais pas être plus en désaccord.”
  • Parce qu’il sait faire preuve d’empathie en choisissant les mots justes. Au lieu d’attiser la colère, il met un baume sur les blessures de chacun : “Je reconnais que ces derniers mois ont été durs et décourageants – que la peur, la tristesse, l’incertitude et les difficultés d’une pandémie ont été aggravées par le rappel tragique que les préjugés et l’inégalité façonnent toujours une grande partie de la vie américaine.”
  • Parce qu’il se met à la place de son coeur de cible, en l’occurence les jeunes, pour leur présenter les bénéfices directs de leurs votes, notamment aux élections locales. Ils seront les premiers à profiter des changements s’ils vont voter : “Ce sont les maires et les cadres des comtés qui nomment la plupart des chefs de police et négocient les conventions collectives avec les syndicats de police.”
  • Parce qu’il est porteur d’espoir. Il invite à transformer toute cette colère en énergie positive pour agir concrètement et changer les États-Unis : “Si, à l’avenir, nous pouvons canaliser cette colère justifiée en une action pacifique, soutenue et efficace, alors ce moment peut devenir un véritable tournant dans le long cheminement de notre nation pour être à la hauteur de nos grands idéaux.”
  • Son call-to-action final est direct et efficace : “Mettons-nous au travail.”

Photo en haut : © Pete Souza


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photo d'Amy Webb sur scène en train de faire sa présentation au SXSW 2019

Décryptage d’une prise de parole parfaite

La futurologue Amy Webb, fondatrice du Future Today Institute et professeure à la New York University Stern School of Business a présenté le 9 mars dernier son rapport “Tech Trends 2019” lors du festival SXSW à Austin, Texas. 

Sa présentation est si brillante, tant sur le fond que sur la forme, que je fais le pari que vous serez totalement captivé par son propos.

En une seule prise de parole, elle parvient à lancer toute sa campagne marketing de l’année 2019 : elle démultiplie la visibilité de ses activités, génère des leads et vend son nouveau livre. Voilà un parfait exemple de l’intérêt d’investir du temps dans la préparation d’une conférence car les effets bénéfiques pour son activité sont nombreux.

Décryptage d’une prise de parole réussie :

Comment Amy Webb parvient-elle à engager son auditoire avec autant d’efficacité ? 

Ici, pas de talent spécifique ! Seulement, le résultat d’un travail réalisé avec méthode et d’un entrainement effectué avec discipline. Depuis la construction de son discours jusqu’à sa mise en forme, rien n’est laissé au hasard.Et pourtant, sa prestation semble tellement vivante.

Sur le fond, on relève 5 techniques percutantes et sur la forme 4 points forts !

1 – Une connaissance parfaite de ses cibles prioritaire et de leurs besoins

Dès le début, elle présente l’activité de son institut et ses clients principaux, les grandes entreprises des classements « Fortune 100 » et « Global 1000 companies ». Puis l’administration publique : « Government agencies » and « Military ». Enfin l’industrie du divertissement : « Tv and Film ». C’est très malin car elle réussit un 2 en 1. Elle nous rassure quant à la portée de ses propos puisque toutes ces organisations lui font déjà confiance. Et si nous faisons partie de ses prospects nous pouvons nous projeter comme futur client de son agence de consulting.

Après avoir défini ses cibles prioritaires, elle leur démontre combien elle maitrise leurs problématiques en verbalisant régulièrement leurs pensées et préoccupations : « Vous vous demandez comment… », « Je sais ce que vous êtes en train de vous dire… ».

2 – Une introduction et une conclusion sobres et concises

L’introduction est composée de deux parties : un préambule et l’introduction elle-même.

Pendant les 2’25’’ (2 min. 25) du début, elle pose toutes les informations essentielles de sa conférence : qui je suis et ce que je fais en 3 points, qui vous êtes et quels sont vos besoins en 3 points et ce que nous pouvons faire ensemble. Dans ce dernier point, elle appelle déjà son auditoire à l’action. Elle partage également le sens de son action par l’exposition de sa mission : « The only way we’re going to a place that we’re all happy in the future, is for all making the smarter decisions in the present.” 

Puis de 2’25’’ à 8’, elle présente les principes généraux qui transcendent toute l’étude et qui permettront ainsi à chacun de se l’approprier.

La conclusion dure moins de 3 minutes et contient tout : un résumé de son étude, un rappel de son appel à l’action (« you have the power to make some good reasonable changes », « download the 2019 report and make it yours for free ») et la promotion de son nouveau livre « The Big Nine ».

3 – Une sélection de thèmes pertinents

Tout d’abord, il est important de noter que le cœur de son activité, la connaissance et la prédiction du futur, est une préoccupation de tous les humains et de toutes les organisations. Le thème général est déjà très porteur.

Parmi les 315 tendances qu’elle a identifiées, elle n’en livre qu’une trentaine et de façon très synthétique. Mas le brio réside dans les critères de choix tenant compte des problématiques de ses clients prioritaires : les grandes entreprises. Elle présente d’abord le cas Wallmart / Amazon qui a le mérite de ne pas exclure le reste de l’auditoire. Puis elle aborde le thème de la collecte de données personnelles et biométriques, qui concerne tout le monde sans exception.

4 – Aucun terme technique

Bien qu’elle traite de sujets complexes, elle parvient à se faire comprendre par le plus grand nombre. Elle n’emploie jamais de termes techniques ou d’acronymesqui excluent une partie du public. Elle s’assure ainsi d’inclure tout le monde quel que soit son niveau de culture générale technologique.

5 – Transitions soignées

Parce que sa pensée est claire, elle la déroule avec facilité. Et pourtant, cela est certainement le résultat de nombreuses heures de travail d’écriture et de réécriture.On reconnaît les présentations bien préparées quand les transitions sont soignées.

6 – Très grande maitrise

La durée de sa conférence est d’une heure, ni plus, ni moins. C’est le signe d’une grande maitrise de ce qu’elle est en train de faire. Elle ne fait jamais d’erreur, ni dans le choix des mots, ni dans le déroulé de sa pensée, ni dans l’affichage des slides. Elle n’hésite jamais et tous ses mots justes et pertinents. De toute évidence, elle a énormément répété son intervention en amont.

7 – Naturelle et enthousiaste

C’est parce qu’elle s’est très bien préparée qu’elle peut se sentir à l’aise sur scène malgré le trac. Elle peut nous communiquer sa passion pour les sujets qu’elle étudie. Amy Webb est authentique et sa prise de parole est naturelle. Une base solide pour créer un lien de confiance entre l’auditoire et l’oratrice. 

8 – Conversation avec le public

Bien que le public soit très nombreux, Amy Webb parvient à créer une conversation avec lui. Toutes les 4 à 5 minutes, elle pose des questions auxquelles ils répondent en levant la main. Elle les stimule avec des formules teasing : « This is gonna blow your mind ». Elle fait de l’humour (slide de chats). Elle s’amuse des réactions du public : « Don’t laugh cynically, I feel you ». Elle joue la carte de la complicité malicieuse : « Yes, clap ! That’s good, I love the applause ».

9 – Des slides élégants et efficaces

Parfois, on peut noter certains slides avec trop de messages mais leur design coloré et leur simplicité les rend très attrayants. Sa directrice artistique a réalisé un travail incroyable de conception de cette présentation. A travers ses slides, on perçoit d’autres qualités professionnelles et personnelles d’Amy Webb : modernité, simplicité, efficacité, intelligence et élégance.

C’est beaucoup de travail pour parvenir à ce résultat, mais au regard de tous ses enjeux marketing et commerciaux pour développer son activité, ça en vaut la peine, non ?

Pour accéder au rapport d’Amy Webb « Tech Trends 2019 », cliquez ici.

La bonne nouvelle c’est que tout le monde peut maîtriser les techniques pour concevoir un pitch convaincant et devenir un orateur passionnant. Si vous aussi, vous avez envie de vous dépasser pour présenter votre prochain projet, contactez-moi. 

En vous souhaitant beaucoup de succès dans vos projets 🏆


photo de Bob Iger, PDG de The Walt Disney Company

Un PDG pitche en moyenne 25 fois par jour et vous ?

25 fois par jour pour présenter l’activité de l’entreprise, promouvoir les projets de développements, convaincre les actionnaires, lancer de nouveaux produits, motiver les collaborateurs…

Dans cet article de Barron’s, le PDG de The Walt Disney Company, Bob Iger, raconte son pitch de Disney+ (futur concurrent direct de Netflix) devant le conseil d’administration du groupe, où il a reçu un “Go” immédiat. Mais son succès ne repose pas seulement sur ses compétences oratoires. Son pitch a été nourri par une réflexion stratégique et un déploiement opérationnel des plus aboutis, pendant plus d’un an, sur le projet lui-même.

Bob Iger nous livre dans cette interview une leçon essentielle. 

La réussite d’un pitch se fonde avant tout sur la façon dont on a travaillé son projet en amont. 

Un talent d’éloquence ne parvient jamais à dissimuler le manque de travail en profondeur. L’expression orale n’est que le reflet du sérieux et de l’engagement à réussir son projet.

Photo en haut : © João Canziani


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