La diversité et l’inclusion, vecteurs de performance

Aujourd’hui, je vous conseille la lecture d’un ouvrage sur la diversité et l’inclusion (D&I) qui remet les pendules à l’heure. Pas simplement à propos de notre perception des autres, mais aussi de nous-mêmes. Et vous savez combien les histoires qu’on se raconte à soi-même sont déterminantes dans la qualité des relations que nous entretenons avec les autres (lien article précédent) sur le plan de la confiance et de la communication. 

Cet été, mon ami Sébastien Durand m’a envoyé son tout nouveau livre, “Diversité et Inclusion, Incarner ses valeurs pour mieux les communiquer”, co-écrit avec Jérôme Lecombe.

Les trois raisons principales pour lesquelles je vous recommande sa lecture sont : la simplicité avec laquelle les auteurs parviennent à expliquer des choses complexes, la profondeur de leur réflexion et surtout leur méthode concrète applicable à tous types d’organisations.

Lorsqu’une entreprise s’engage dans une démarche D&I sur le long terme, elle en retire deux bénéfices majeurs :

  • Sur le plan financier, la D&I génère des résultats tangibles de performance. 60% de chances supplémentaires de voir leurs profits et leur productivité augmenter, et d’engendrer un surcroît de créativité et d’innovation. (source : Organisation Internationale du travail, Bureau des activités pour les employeurs (ACT/EMP) et Bureau international du Travail, Les arguments en faveur du changement, 2019)
  • Sur le plan RH, la D&I garantit un environnement de travail psychologiquement sain pour l’ensemble des collaborateurs, où l’on peut s’exprimer librement et être soi-même. Tout le monde s’y sent en sécurité. Le bien-être de tous les collaborateurs contribue fortement à leur motivation. C’est aussi un facteur essentiel de la rétention des talents. Les études montrent que les dirigeants qui privilégient les relations avec leurs employés et qui dirigent avec positivité et gentillesse obtiennent tout simplement de meilleurs résultats, et que la culture d’entreprise a une plus grande influence sur le bien-être des employés que le salaire et les avantages sociaux.

Je n’avais pas prévu de faire la promotion du livre de Sébastien Durand et Jérôme Lecombe, mais j’ai été emballé par sa lecture. J’ai annoté et collé des dizaines de post-it, tant le livre fourmille d’idées brillantes. Et j’ai proposé à Sébastien de l’interviewer pour cette newsletter de rentrée.

Portrait photo de Sébastien Durand
Sébastien Durand. Photo : tous droits réservés

Sébastien, si avec ces deux arguments massues (performance financière et RH), les patron.nes ne comprennent pas la nécessité de développer une véritable stratégie D&I dans leur entreprise, que faut-il faire de plus pour les convaincre ? 

Sébastien Durand : Les bénéfices de la Diversité & l’Inclusion sont en effet tangibles en matière de performance opérationnelle et financière et sont un levier reconnu en termes d’innovation. Mais au-delà, elles permettent surtout à l’organisation de mieux ressembler à ses cibles – et en premier lieu à ses clients – ainsi que de répondre aux aspirations nouvelles de ses équipes. Je suis convaincu pour ma part que l’entreprise est un acteur sociétal de première importance. Or, cette entreprise, ce n’est pas une notion désincarnée, c’est en réalité la somme de celles et ceux qui la constituent. Pour faire évoluer les organisations dans le bon sens, il faut commencer par prendre, à titre individuel, conscience du bien-fondé de la D&I et agir. C’est ce que nous avons voulu proposer dans ce livre avec un ensemble inédit d’outils et d’une méthode en deux parties.

Si je te dis qu’à la lecture du livre, j’ai identifié des préjugés que je ne pensais pas du tout avoir, cela te surprend ?

SD : Non, pas du tout. Non pas que je pense que tu discrimines tout le monde… (rires). Je travaille sur le sujet depuis longtemps mais l’écriture de ce livre m’a permis à moi aussi d’identifier des biais dont je n’avais pas conscience. Ou que je ne voulais pas admettre ! Nous ne pouvons pas empêcher notre cerveau de procéder à des catégorisations et certaines ont sauvé la vie de nos ancêtres : homo sapiens mettait le lion dans la catégorie “danger”. Le problème, dans un monde où nous ne vivons plus entourés de lions mais de gens différents de nous, c’est que notre capacité à catégoriser est intacte et amène à des généralisations, des stéréotypes et, au final, à des discriminations. Le problème n’est pas résolu pour autant – les personnes qui ont le vertige ont beau savoir que leur sentiment est irrationnel, elles n’en ont pas moins peur du vide – mais nommer nos biais cognitifs et les autres mécanismes à l’œuvre est la première étape pour les dépasser.

La première partie du livre est véritablement un appel à mieux se connaître. C’est un sujet auquel je suis sensible. Car c’est une grande partie du travail de coaching. Il permet à la personne coachée de s’engager dans une voie de changement et de progrès. Pourquoi c’est un pré-requis à la mise en place d’une politique D&I ?

SD : Je pense que c’est l’un des apports essentiels du livre. Les formations, les actions au niveau de l’entreprise, c’est bien, mais si on n’apprend pas d’abord aux personnes à se “décatégoriser” elles-mêmes, le risque est trop grand de ne pas réussir. Nous proposons donc une méthode pour augmenter sa connaissance de soi, tenir compte de son rythme biologique etc. Savez-vous que vos préjugés augmentent au fur et à mesure de la journée et de votre fatigue ? Posez-vous des questions comme : l’émotion négative que je ressens envers ce collaborateur porte-t-elle sur l’individu ou sur ses actions etc. Nous apprenons aux lecteurs et aux lectrices à identifier les émotions et les pensées automatiques qu’elles engendrent et à formuler des pensées alternatives et factuelles qui permettent de réévaluer la situation. C’est la seule façon d’apprendre à dépasser ses préjugés, qui correspond à la première partie de notre ouvrage.

Dans une séance de coaching, il y a parfois un moment où la personne coachée parvient à identifier les ressorts d’un comportement dit négatif ou d’une croyance limitante, et c’est souvent la clé qui ouvre la porte vers d’autres voies possibles pour elle. En matière de D&I, quand se produit éventuellement ce moment “Waou” ?

SD : Pour moi, le point de bascule – qui s’applique aussi bien à l’individu qu’à l’organisation – c’est quand on réalise qu’on est souvent plus divers qu’on ne pense mais moins inclusif qu’on ne croit. Pour faire simple, dans quelle case me mettre ? Laquelle me définit – ou m’enferme ! –  le mieux : mon orientation sexuelle, mon âge, ma santé, mon origine sociale ? Ou un mélange de tout ça qui fait que je suis en réalité très différent d’une autre personne qui partagerait mon orientation sexuelle mais pas les autres critères cités. C’est un prisme trop réducteur. En revanche, nous nous voyons tous et toutes comme inclusifs parce que c’est une norme sociale positive mais, comme nous venons d’en parler, nous demeurons en réalité pleins de préjugés et avons donc tendance à exclure nos “dis-semblables” plutôt qu’à les inclure. Admettre que la diversité, c’est ce qui fait de chacun de nous un être unique, et que l’inclusion, c’est ce à quoi nous devons tous travailler en réalité, c’est souvent ça le “moment waou” pour nos lecteurs ou nos clients.

Comment passer du changement individuel au collectif ?

SD : C’est toute la seconde partie du livre. Nous proposons une méthode pas à pas qui consiste à prendre des engagements forts et publics envers la D&I et à faire un audit qui permet d’objectiver le chemin déjà parcouru… et celui qui reste à parcourir. C’est ensuite un exercice relativement “classique” de conduite du changement avec ses victoires rapides – des actions assez facilement atteignables mais qui permettent de mobiliser les énergies et de booster le moral – et ses pratiques à plus long terme. Nous encourageons aussi l’intégration de la D&I dans le storytelling – le récit collectif – de l’entreprise, voire dans sa raison d’être de l’organisation. C’est une garantie pour les équipes en interne bien sûr, mais aussi toutes les parties prenantes : partenaires, candidats potentiels, médias, pouvoirs publics etc. 

Quand vous déployez la méthode Cogitandi avec vos clients, qu’est-ce qui est le plus marquant pour eux ?

SD : Le retour que nous font le plus souvent nos clients est qu’ils voyaient souvent la D&I comme autant de silos – est-ce que les femmes sont bien aussi bien payées que les hommes chez nous ? est-ce qu’on participe à la Gay Pride de notre ville ? est-ce que nos bureaux sont bien accessibles aux personnes en fauteuil roulant etc. – et qu’ils pensaient donc les traiter également par silos, c’est-à-dire indépendamment les uns des autres. Or, nous les aidons à prendre conscience qu’il faut favoriser l’équité au niveau systémique et lutter contre la tyrannie de la norme en faisant exploser cette norme, pas en en établissant une nouvelle !  Pour eux, cela tient souvent de l’ordre de la révélation quand ils comprennent que la D&I, tout le monde a à y gagner, même les mâles blancs qui sont encore nombreux à tenir les rênes des entreprises avec lesquelles nous travaillons (rires). Il faut écouter toutes les émotions qui s’expriment afin d’embarquer tout le monde. Parce que c’est ça au final, que nous voulons dire : la D&I, c’est l’affaire de tous pour tous. 

Le livre de Sébastien et Jérôme est préfacé par Philippe Croizon. Ce célèbre athlète quadri-amputé a traversé la Manche (2010) et relié les cinq continents (2012), à la nage. Il écrit à propos du livre : “Dans les conseils sur un management plus inclusif, j’ai retenu que l’auto-dérision était encouragée. Ça tombe bien, je suis persuadé qu’on peut rire de tout, je le fais quotidiennement à l’égard de mon handicap. Et que la diversité et l’inclusion soient solubles dans l’humour, voilà une bien bonne nouvelle !” 

Pour suivre l’exemple de Philippe Croizon, je vous propose de regarder et surtout d’écouter les paroles de la chanson ‘Everybody’s a Little Racist’ extraite du musical de Broadway “Avenue Q”. Un clin d’oeil à la passion pour les musicals anglo-saxons que nous partageons Sébastien et moi depuis… 25 ans. Les voies de la D&I sont vraiment insoupçonnables et surtout diverses !

Illustration du haut de page : © behance.net


Guilty Pleasure

Photo extraite du documentaire : Randi Williams témoigne de son quotidien à Barack Obama dans « Working, passer sa vie à travailler ».
Randi Williams témoigne de son quotidien à Barack Obama dans « Working, passer sa vie à travailler ». © Netflix

Diffusée sur Netflix, “Working, passer sa vie à travailler” est une série documentaire produite par Michelle et Barack Obama. L’ex-président y suit ouvriers, employés, cadres et dirigeants pendant leur travail et les interroge sur le sens qu’ils y trouvent. Il ne donne pas de leçons mais donne à voir : à la fois l’ascension sociale des uns mais aussi les dégâts de l’implacable montée des inégalités qui impactent la vie des autres. Aux Etats-Unis comme ailleurs.

L’empathie de Barack Obama et sa jovialité nous emportent immédiatement dans les histoires de ces femmes et hommes dont les parcours de vie et les rêves résonnent avec le nôtre. Comment ne pas se voir dans un ou plusieurs de ces portraits ? Et son analyse des évolutions sociétales apporte un éclairage concret des mutations du travail en cours. C’est un peu l’occasion de pénétrer la pensée du brillant premier président noir américain.

“Working, passer sa vie à travailler” est à voir sur Netflix.


Citation

Portrait photo d'Antoine de Saint-Exupéry
Antoine de Saint-Exupéry au Rockefeller Center à New York in 1939. © Hirsch / Fondation Antoine de Saint-Exupéry pour la Jeunesse

“Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis.”

Antoine de Saint-Exupéry

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