Photo de la une du magazine américain, le Time, avec Bob Iger, PDG de The Walt Disney Company.

Leadership & Communication : la méthode Bob Iger

Le Time vient de nommer Bob Iger parmi les 100 personnalités les plus influentes de l’année 2023. À 72 ans, le PDG de The Walt Disney Company est en figure de proue de la catégorie des innovateurs, dans laquelle se tient également Kylian Mbappé. Bob Iger est reconnu pour ses qualités de leader. On le dit curieux, ouvert, visionnaire, stratège, agile, rapide, courageux et respectueux. Autant de compétences que l’on devine en lisant son interview dans le Time. Mais, selon moi, sa principale force réside dans sa capacité à influencer, à emporter l’adhésion.

En 2019, il sort son autobiographie “Leçons de leadership créatif”. Il y évoque 50 ans de carrière chez Disney. On y apprend entre autres comment il a su développer ses talents de communicant.

Parmi les épisodes les plus marquants de sa carrière, il relate dans son livre la campagne pour sa nomination au poste de PDG en 2005. Je raconte souvent cette histoire aux dirigeants que j’accompagne sur des présentations stratégiques.

Elle permet de prendre conscience de toute la préparation nécessaire et de tous les paramètres pour réussir. À ce niveau de responsabilité, vous développez votre leadership grâce à vos talents de communicant.

Définir votre vision stratégique est une chose mais savoir la partager et emporter l’adhésion de toutes les parties prenantes en est une autre.

En 2004, Michael Eisner, PDG du groupe Disney depuis 20 ans, essuie une série d’échecs qui le conduisent à abandonner le renouvellement de son contrat à la tête de l’entreprise. Commence alors pour le conseil d’administration de Disney une procédure pour désigner un successeur. Le problème c’est que Bob Iger est son directeur général depuis cinq ans. Il est naturellement associé au management rigide d’Eisner qui cumule les critiques de toutes parts et le décrédibilise.

Pourtant Iger entend bien présenter officiellement sa candidature pour le poste de PDG. Comment dès lors être celui qui peut régler les crises que traverse Disney à ce moment-là et mener l’entreprise vers un avenir radieux ? Comment convaincre le conseil d’administration de Disney qu’il incarne le changement recherché ?

Les 9 étapes de la méthode ‘Leadership & Influence’ de Bob Iger
 

1. Réunir une task force

Il demande conseil et soutien à deux dirigeants du groupe : Alan Braverman, directeur juridique, et Zenia Mucha, directrice de la communication. Une troisième personne entre en scène, un consultant et coach en communication, spécialisé dans les campagnes politiques : Scott Miller. Un communiqué officiel du conseil d’administration de Disney annonçait la recherche d’un successeur à Michael Eisner et stipulait que Bob Iger était le seul candidat en interne à postuler. Scott Miller appelle donc Bob Iger pour lui proposer un rendez-vous qu’il raconte dans son livre : 

“Scott Miller a débarqué dans mon bureau en posant devant moi une liasse d’une dizaine de feuillets. 
« C’est pour vous, a-t-il dit. Gratuit. » 
Je lui ai demandé de quoi il s’agissait. 
« C’est notre stratégie de campagne, a-t-il répondu.
— Campagne ?
— Ce que vous allez entreprendre, c’est une campagne politique, a-t-il affirmé. Vous comprenez ça, n’est-ce pas ? »”

2. Adopter une stratégie de campagne politique

En effet, pour être nommé PDG du groupe, il faut un vote majoritaire des membres du conseil d’administration de Disney. Bob Iger savait qu’une campagne de communication était indispensable mais il n’y avait jamais réfléchi aussi littéralement que Scott Miller. Il lui fallait une stratégie (politique) pour obtenir des votes, explique Miller, ce qui voulait dire déterminer quels administrateurs pourraient être attirés de son côté et cibler ses messages sur eux.

3. Établir le mapping des cibles et forces en présence

Une bonne campagne de communication, politique ou pas, dépend de la bonne connaissance que vous avez de vos cibles. Qui est favorable ? Mitigé ? Hostile ? Et surtout pourquoi ? Scott Miller pose alors une série de questions à Bob Iger :  

“« Quels sont les administrateurs qui vous soutiennent résolument ? 
— Je ne suis pas sûr qu’il y en ait un seul. » 
— D’accord, qui ne vous laissera aucune chance ? » 
Trois ou quatre noms et autant de visages me sont aussitôt venus à l’esprit. 
« À présent, quels sont ceux qui pourraient changer d’avis ? » Une poignée, sans doute, pourraient se laisser convaincre de m’accorder une chance. « Voilà ceux sur qui vous devez vous concentrer en premier », a insisté Scott.”

4. Adopter la posture juste

En l’écoutant parler de Michael Eisner et du passé, Scott Miller a aussi compris à quel point Bob Iger avait les mains liées. Il s’y attendait. « Vous ne pouvez pas l’emporter si vous représentez le pouvoir en place. Vous ne pouvez pas gagner si vous êtes sur la défensive. Le sujet, c’est uniquement l’avenir. Pas le passé. » 

Pour Bob Iger, ce moment a été une révélation pour lui : “Je n’avais pas à ressasser le passé. Je n’avais pas à défendre les décisions de Michael. Ni à les critiquer pour me mettre en valeur. Le sujet, c’était uniquement l’avenir. Chaque fois qu’on demanderait ce qui avait mal tourné chez Disney dans les années passées, quelles erreurs Michael avait commises ou pourquoi on devrait me considérer comme différent, ma réponse pourrait être simplement et honnêtement : « Je ne peux pas refaire le passé. Nous pouvons parler des leçons à en retenir et des moyens de veiller à leur application à l’avenir. Mais nous ne pouvons rien changer au passé. Ce que vous désirez savoir, c’est où va cette entreprise, pas d’où elle vient. Voici mon plan. »

5. Se concentrer sur les objectifs des cibles et y répondre

Bob Iger connait très bien chaque membre du conseil d’administration. Il est en mesure de décrire pour chacun les objectifs et les attentes spécifiques. Il comprend aussi ce que tous les membres du conseil souhaitent par dessus tout. Mais c’est le regard expérimenté et extérieur de Scott Miller qui va le mieux définir l’objectif principal de Bob Iger dans sa campagne de communication.

« Vous devez réfléchir, faire des projets et agir comme un insurgé », a repris Scott, et votre plan devrait être établi avec une seule idée claire en tête : « Le combat à mener porte sur l’âme de la marque. Parlez du nom Disney, de la manière de le valoriser, de le protéger. » 

6. Définir la priorité des priorités

Si vous connaissez par coeur un sujet, vous risquez de vous perdre dans les détails. Parce que tout fait sens pour vous, vous faites les liens entre les thèmes sans effort intellectuel. Cette maitrise en apparence du sujet vous éloigne souvent de ce qui est prioritaire. Bob Iger raconte ensuite comment Scott Miller le challenge sur sa stratégie d’entreprise :

“Scott Miller : « Il vous faudra quelques priorités stratégiques. » J’y avais beaucoup réfléchi et j’ai aussitôt commencé à dresser une liste. J’en étais à cinq ou six quand il a secoué la tête : « Ne dites plus rien. Si vous en avez autant, ce ne sont plus des priorités. » Les priorités sont les quelques thèmes auxquels vous allez consacrer beaucoup de votre temps et de votre capital. À en désigner autant, non seulement vous réduisez leur importance, mais personne ne les retiendra toutes. « Vous auriez l’air de ne pas savoir où vous allez, a-t-il ajouté. Vous n’avez droit qu’à trois. J’ignore lesquelles. Nous n’avons pas besoin d’en décider aujourd’hui. Vous ne serez pas tenu de me dire celles que vous choisissez si vous ne le voulez pas. Mais vous n’avez droit qu’à trois. »

Il avait raison. Soucieux de prouver que j’avais une stratégie pour résoudre tous les problèmes de Disney et répondre à toutes les questions qui se posaient, je n’avais pas hiérarchisé. Rien ne désignait ce qui avait le plus d’importance, il manquait une vision complète et facile à saisir. Ma vision globale manquait de clarté et d’inspiration.”

Après sa rencontre avec Scott Miller, Bob Iger aboutit vite à trois priorités stratégiques claires. Elles guident la société depuis sa nomination comme PDG :

  1. Investir la majeure partie du capital de Disney dans un contenu de marque de haute qualité (c’est-à-dire dans la créativité).
  2. Utiliser la technologie pour créer des contenus plus attrayants et pour atteindre les gens de manière plus innovante.
  3. Se développer à l’échelle mondiale, en renforçant les liens avec les marchés du monde entier.

7. Simplifier et adapter sa communication à chaque cible

Réduire vos priorités à trois objectifs précis n’est que la moitié du chemin à parcourir. Pour vendre votre vision, vous devez être capable de la formuler efficacement à un large éventail de personnes. Certains y parviendront naturellement, tandis que d’autres devront s’entraîner intensivement. Quel que soit le camp dans lequel vous vous situez, n’oubliez pas : Cette phase de définition de la vision ne concerne pas votre personne et votre intelligence. Il s’agit des personnes présentes dans la pièce, de comprendre leur langage et de présenter votre vision dans les termes qui leur sont les plus accessibles.

Cette phase va bien au-delà de la campagne menée pour être nommé PDG. Bob Iger a capitalisé sur sa vision stratégique pendant plus de 15 ans de son mandat à la tête de Disney. Il la partage inlassablement auprès du personnel, des clients, des actionnaires, des membres du conseil d’administration et des journalistes.

Bob Iger en une du Time en octobre 2018. Photograph by Spencer Lowell for Time ; Illustration by Brobel Design

8. Devenir l’évangéliste de sa propre stratégie

L’énonciation de vos stratégies n’est pas une opération ponctuelle. Vous devez devenir l’incarnation vivante de vos trois stratégies et être toujours prêt à expliquer comment elles s’appliquent à des problèmes de toutes tailles. Il est essentiel d’avoir de bonnes compétences en matière de communication. Plus vous saurez communiquer vos stratégies verbalement et en langage courant, plus elles seront mises en œuvre de manière efficace et efficiente. Vous ne voulez pas vous cacher derrière un ordinateur en envoyant un email plein de jargon de l’entreprise. Vous voulez entrer dans la pièce avec vos collaborateurs et adapter votre vision à leur expérience réelle sur le lieu de travail.

Pour Bob Iger, la culture d’une entreprise est façonnée par de nombreux facteurs, mais celui-ci est l’un des plus importants :

“Vous devez faire connaître vos priorités clairement et fréquemment. D’après mon expérience, c’est ce qui fait la différence entre les managers excellents et les autres. Si les dirigeants ne formulent pas clairement leurs priorités, alors leurs collaborateurs, à leur tour, ignorent les leurs. Il y a un gaspillage de temps, d’énergie et de capital. Le personnel de votre organisation éprouve une anxiété inutile, ne sachant à quoi se consacrer. La productivité se dégrade, les frustrations augmentent, le moral fléchit.

Vous pouvez faire beaucoup pour le moral des gens qui vous entourent (et donc aussi pour celui de leur propre entourage) simplement en leur évitant d’avoir à se poser des questions au quotidien. Un P-DG doit fixer une feuille de route à son entreprise et à son équipe dirigeante. Beaucoup de tâches sont complexes et requièrent énormément d’énergie, mais ce genre de message est assez simple : « Voilà où nous voulons aller. Voilà comment faire pour y aller. » Une fois ces principes exposés simplement, beaucoup de décisions deviennent plus faciles à prendre, et l’anxiété globale de toute l’organisation en est diminuée.”

9. Être ouvert aux feed-backs honnêtes

Un dernier élément essentiel d’une bonne stratégie d’entreprise est le retour d’information. En effet, même si vous êtes le capitaine de votre propre navire, une grande partie de votre travail consiste à permettre à ceux qui vous entourent de s’approprier la vision. Demander un retour d’information enhardit les personnes qui travaillent pour vous et leur apporte des informations précieuses. Vous avez besoin de ce point de vue sur le terrain pour calibrer votre vision.

C’est la raison pour laquelle Bob Iger s’assoit chaque semaine avec ses collaborateurs directs autour d’un déjeuner pour leur demander un retour d’information et des conseils. Il s’agit d’une séance d’échange qui, comme il le dit lui-même, “souligne la nécessité non seulement d’être accessible… mais aussi d’avoir la capacité d’être franc dans le dialogue”. Et c’est là que la vérité compte. Vous devez créer une culture où l’honnêteté et la franchise sont encouragées. Plus vous aurez de points de vue, surtout lorsqu’il s’agit d’évaluer la direction que prend le marché et la façon dont votre entreprise doit s’y adapter, plus vous serez en mesure de faire face aux aléas et de prospérer.

Photo en haut : Bob Iger, PDG de The Walt Disney Company. Photograph by Paola Kudacki for Time


Guilty Pleasure

© 2020 DIsney

Trouver un programme en écho à la thématique de cette newsletter n’a pas été évident. Pourtant, il était déjà sous mes yeux. Il s’agit de l’excellente série documentaire sur les 70 ans du département recherche et innovation de la division parcs et expériences de Disney : Walt Disney Imagineering. Les épisodes 4 et 5 montrent deux approches managériales et stratégiques différentes : celles de Michael Eisner et de Bob Iger. 

Peur de l’échec, micro-management, vision à court terme sur les profits au détriment de la créativité caractérisent la seconde partie de mandat d’Eisner à la tête de l’entreprise. Le véritable leadership d’Eisner se révèle en 1994, avec le décès de Frank Wells, son associé à la direction du groupe et qui avait en charge les opérations, les finances et l’administration. Wells avait une passion pour la créativité et l’innovation, c’est lui qui rebooste la division Walt Disney Imagineering dans les années 80 et 90. 

Lorsque Bob Iger devient le PDG de Disney en 2005, il met immédiatement en application ses deux premiers axes stratégiques : remettre la créativité et l’innovation au centre de l’entreprise. Walt Disney Imagineering, dont c’est le cœur de la mission, en bénéficie immédiatement et les résultats se feront assez rapidement voir : l’activité parcs à thèmes et tourisme de Disney génère ses profits les plus importants sous l’ère de Bob Iger.

“Il était une fois les imagineers, les visionnaires Disney” est une série documentaire en 6 épisodes, à découvrir sur Disney +.


Citation

Walt Disney, photographié en juillet 1952 lors d’une visite aux Studios Pinewood en Angleterre sur le tournage de “La Rose et l’épée”. © Hulton Archive/Getty Images

“Mon rôle ? Eh bien, vous savez, j’ai été pris au dépourvu un jour lorsqu’un petit garçon m’a demandé : ‘Est-ce que vous dessinez Mickey Mouse ?’ J’ai dû admettre que je ne dessinais plus. ‘Alors, vous pensez à toutes les blagues et à toutes les idées ?’ Non, j’ai répondu que je ne faisais pas cela. Enfin, il m’a regardé et m’a dit : ‘M. Disney, que faites-vous au juste ?’ ‘Eh bien’, ai-je répondu, ‘je me vois parfois comme une petite abeille, je vais d’un endroit à l’autre du studio, je récolte du pollen et je stimule en quelque sorte tout le monde. Je suppose que c’est mon travail.’”

Walt Disney

Vous voulez développer vos compétences en managementcommunication ou prise de parole ? Contactez-moi ici pour un coaching individuel ou une formation en groupe.


Merci d’avoir lu ma newsletter.
Pour encore plus d’inspiration et de conseils pratiques en management, communication et prise de parole en public : consultez mes précédents articles ici.
Si cette newsletter vous a été transférée, cliquez ici pour vous inscrire.


portrait de Jeff Bezos

Simplifier sa communication comme Jeff Bezos

Voilà bientôt 30 ans qu’Amazon a été lancée et peu d’entreprises ont connu une expansion mondiale aussi fulgurante. Beaucoup ont décrit et analysé les stratégies de son fondateur Jeff Bezos. Mais penchons-nous aujourd’hui sur l’une des soft skills clés de son leadership : la communication. Il excelle pour partager sa vision et emporter l’adhésion de ses interlocuteurs. Comment le plus grand commerçant du monde a fait de la communication un avantage concurrentiel ?

Carmine Gallo est enseignant à Harvard et coach en communication pour dirigeants. Il est l’auteur de nombreux succès de librairie dont “Devenez un grand orateur TED”. Ses livres sont traduits dans plus de quarante langues. Son dernier ouvrage “The Bezos Blueprint” révèle les stratégies de communication mises au point par Jeff Bezos.

Pour l’équipe dirigeante d’Amazon, les lettres annuelles aux actionnaires de Bezos sont des modèles de communication dans les affaires. Carmine Gallo a analysé chacune des 24 lettres écrites personnellement par l’ex-PDG d’Amazon de 1997 à 2020. Malgré la complexité des sujets, leur écriture est simple et accessible au plus grand nombre. La simplicité est une priorité.

Le test Flesh-Kincaid

La lisibilité est une mesure de la qualité de l’écriture. Le score indique dans quelle mesure un lecteur moyen a du mal à comprendre un texte. Rudolf Flesch était un linguiste américain, expert en stylistique. Il crée le score de lisibilité en 1940 pour évangéliser une prose simple et non compliquée. Son test est basé sur la longueur moyenne des phrases et des mots, entre autres variables.

Dans les années 1970, le scientifique Peter Kincaid travaille avec Flesh pour rendre la formule plus facile à interpréter. Ensemble, ils convertissent les scores de lisibilité en niveaux scolaires. Le test de Flesh-Kincaid examine le nombre de mots dans une phrase, le nombre de syllabes par mot et le nombre de phrases écrites à la voix active par rapport à la voix passive.

Si vous écrivez pour un large public d’adultes, le niveau scolaire à viser est 8th grade (= la classe de 4e dans le système scolaire français). Un contenu rédigé au niveau 8th grade peut être lu et compris par 80 % des Américains. À titre de comparaison, les travaux universitaires, incompréhensibles pour la grande majorité des lecteurs, sont rédigés pour des niveaux de 16th à 18th grade (= master à doctorat). Les livres de la série Harry Potter peuvent être lus par des élèves de 6th grade à 8th grade (= de la 6e à la 4e).

“Chaque fois que l’on simplifie quelque chose et que l’on réduit les frictions, on en obtient davantage.”

Jeff Bezos

L’importance de la simplicité

Un score de lisibilité de 7th grade (= la 5e) ne signifie pas que vous parlez comme un élève de 12 ans. Le score ne reflète pas la complexité ou la sophistication du discours d’une personne. Il indique simplement la quantité d’énergie mentale que l’auditeur ou le lecteur doit déployer pour absorber et comprendre l’information. Plus il est facile de suivre un discours ou une présentation, plus il est probable que votre public se souviendra de votre message et agira en conséquence. Lorsque vous exprimez des idées complexes de manière simple, vous n’êtes pas en train d’abêtir le contenu.

Selon une étude publiée dans la Harvard Business Revue“la simplicité augmente la fluidité de traitement du cerveau. Des phrases courtes, des mots familiers et une syntaxe claire garantissent que le lecteur n’a pas à faire trop d’efforts cérébraux pour comprendre ce que vous voulez dire”. Pour Gallo, “les leaders qui simplifient les idées n’affaiblissent pas leur contenu ; ils sont plus malins que leurs concurrents.

La simplicité comme stratégie de leadership

L’écriture, comme toute autre compétence, peut être améliorée. Bezos a affiné son écriture au fil du temps. Le tableau ci-après compare la première lettre aux actionnaires que Bezos a écrite en 1997 à sa dernière en tant que PDG. Au fur et à mesure qu’Amazon prenait de l’ampleur, les lettres devenaient également plus longues. Mais en écrivant plus souvent, Bezos est devenu un meilleur rédacteur. La longueur de ses phrases a diminué de quatre mots en moyenne. Et le nombre d’années d’études nécessaires pour lire les lettres a baissé de deux niveaux, de 10th grade (= la 2de) à 8th grade (= la 4e).

Écrire dans un langage qu’un collégien moyen peut comprendre est un exploit. Ça l’est d’autant plus que Bezos traitait de sujets financiers complexes et d’innovations technologiques encore méconnues (intelligence artificielle, machine learning, data management). L’efficacité de la communication est une des compétences prioritaires pour Jeff Bezos. “Les employés ont pour instruction de viser un niveau Flesh-Kincaid de 8 ou moins”, révèle Carmine Gallo.

Jeff Bezos a contribué à la création des 16 principes de leadership définissant la culture de travail d’Amazon. La manière dont les principes sont rédigés est l’une des principales raisons pour lesquelles ils sont parfaitement intégrés et compris par les personnes à tous les niveaux de l’organisation. L’ensemble du document en Français ne comporte que 1125 mots rédigés dans un langage de classe de 5e. Chaque principe est simple, clair et cohérent. Il comprend quelques phrases courtes qui le traduisent en comportements souhaitables. Ils sont faciles à mémoriser et à suivre. “La formulation claire de ces principes est une stratégie de leadership calculée”, d’après Carmine Gallo.

L’app Hemingway

Ernest Hemingway est connu pour son style dépouillé. “Son écriture est simple, réduite à l’essentiel. Il travaille avec un nombre limité de mots. Il fait des phrases courtes. Il utilise peu ou pas d’adverbes et d’adjectifs. Le style est lapidaire, direct. Mais on sent qu’il y a de la matière sous la surface. Le texte devient un réduit, un concentré. Pourcentage de gras : zéro !”, explique Dominique Lebel dans “L’Actualité”.

Aujourd’hui, le nom Hemingway désigne aussi un éditeur qui vous aide à simplifier vos textes. Il est disponible gratuitement en ligne ou en payant une app téléchargeable sur votre ordinateur. Bien que destiné aux textes anglais, Hemingway fonctionne aussi partiellement en français. C’est comme un correcteur d’orthographe, mais pour le style. Il repère vos phrases trop longues ou à la voix passive, vos adverbes trop nombreux et vos mots complexes en surlignant de différentes couleurs les passages concernés. Son utilisation est simple. Évidemment, je l’ai testé pour améliorer cet article. Voici les statistiques comparées de la première et de la dernière version. 

L’aide en ligne d’Hemingway  est sans doute l’une des plus faciles et rapides à comprendre pour une app. L’inverse aurait été un comble ! La dernière FAQ rappelle un principe de bon sens : “Mais que se passe-t-il si je veux enfreindre les règles ? Les règles sont faites pour être transgressées. Si vous savez ce que vous faites, ne vous laissez pas arrêter. Considérez nos suggestions comme telles.”

Application ou intelligence artificielle (cf. ChatGPT), conservons notre libre-arbitre, assumons les conséquences de nos choix. En art, c’est la liberté absolue. En entreprise, c’est l’efficacité absolue. Après les coupes et les réécritures, le temps de lecture de cet article a réduit de plus d’une minute. Il demeure encore trop long pour une newsletter ? Ok, on fera mieux la prochaine fois !

Photo en haut : Jeff Bezos, président exécutif d’Amazon. © Amazon 


Guilty Pleasure

© Netflix

« C’est un putain de juke-box infini ! » C’est par ces quelques mots que le patron de Sony Music Suède prend soudain conscience de la puissance disruptive de Spotify. En 2006, son fondateur, Daniel Ek, applique les préceptes de Jeff Bezos : mettre le client au cœur de la stratégie produit et simplifier au maximum l’expérience utilisateur. Il est le premier à lancer un site de streaming musical légal. Spotify représente un bouleversement technologique et commercial majeur du marché du disque. Les conséquences à la fois industrielles et humaines, sont à juste titre soulignées dans la série.

« The Playlist » est une mini-série captivante tant sur le fond que sur la forme. En six épisodes, elle raconte l’histoire de la création de Spotify selon les points de vue de six personnages. L’exercice que l’on croit artificiel au début se révèle vite un tour de force scénaristique. Le sixième épisode que je pensais inintéressant s’est avéré passionnant. La direction artistique, les parti-pris de mise en scène et le jeu des acteurs sont un régal. 

“The Playlist” est à savourer sur Netflix.


Citation

Woodrow T. Wilson, Président des États-Unis de 1913 à 1921. © Rue des archives/BCA/CSU

« Si je dois parler pendant dix minutes, il me faut une semaine pour me préparer ;
pour quinze minutes, il me faut trois jours ;
pour une demi-heure, il me faut deux jours ;
pour une heure, je suis prêt maintenant. »

Woodrow T. Wilson

Vous voulez développer vos compétences en management, communication ou prise de parole ? Contactez-moi ici pour un coaching individuel ou une formation en groupe.


Merci d’avoir lu ma newsletter.
Pour encore plus d’inspiration et de conseils pratiques en management, communication et prise de parole en public : consultez mes précédents articles ici.
Si cette newsletter vous a été transférée, cliquez ici pour vous inscrire.


Quatre des membres du jury de l’émission “Qui veut être mon associé ?” (saison 2) sur M6 : Sophie Méchaly, Jean-Pierre Nadir, Marc Simoncini et Isabelle Weill.

Influencer la décision d’un groupe

Emporter l’adhésion d’un groupe n’est pas une chose aisée, n’est-ce pas ? 

Les entrepreneurs, qui participent à l’émission de M6 “Qui veut être mon associé ?” pour lever des fonds, le savent bien eux aussi. Face à un jury de cinq investisseurs reconnus, ils pitchent leurs projets pour les convaincre de s’engager à leurs côtés. L’un des grands intérêts de cette émission est d’observer le processus de décision de chaque investisseur. Jugent-ils de façon indépendante ou sous l’influence de leurs pairs ?

Dans mon précédent article, je vous ai présenté l’une des théories du passionnant livre “Noise” sur la quasi impossibilité de prédire l’avenir à moyen ou long terme. En tant que professionnel de la communication, un autre chapitre a attiré mon attention : les méfaits du bruit dans la prise de décision collective. 

Les auteurs décrivent notamment les mécanismes en jeu au sein d’un groupe au moment de porter un jugement. “En pratique, des différences mineurs (qui parle le premier, qui s’exprime avec assurance, qui sourit ou fronce les sourcils à un moment donné) peuvent conduire un groupe à dire “oui” et un groupe quasi identique à dire “non”.” Identifier, voire anticiper, le bruit au sein d’un groupe peut vous permettre d’adopter une communication adaptée pour emporter son adhésion.

L’influence sociale

Le mois dernier, le Centre national de la musique a rendu public les résultats de la première étude au monde sur l’authenticité des chiffres du streaming musical et a révélé l’ampleur de la manipulation frauduleuse des écoutes en ligne : entre 1% et 3% en 2021, ce qui représente entre 1 et 3 milliards de streams détectés comme étant falsifiés. Augmenter artificiellement le nombre d’écoutes ou de vues par des robots ou des personnes physiques a pour but de générer plus de revenus, d’améliorer la performance d’un artiste ou de sa musique.

Ces pratiques illicites s’appuient sur un phénomène bien connu : l’influence sociale. Concrètement, quand une chanson rencontre le succès très tôt, elle finit souvent très bien classée. En ayant accès aux nombres de vues ou d’écoutes, les utilisateurs des plateformes de streaming s’influencent naturellement les uns les autres. L’influence sociale joue un rôle très important quand les jugements ne sont pas produits de façon indépendante. 

Les auteurs de “Noise” la décrivent ainsi : “Imaginez un petit groupe – par exemple, une dizaine de personnes – qui discute d’un ambitieux nouveau projet. Si un ou deux partisans du projet sont les premiers à s’exprimer, il y a de bonnes chances qu’ils entraînent les autres dans leur sens. Et il en ira de même si ce sont deux sceptiques qui parlent en premier. Il suffit pour cela que les membres du groupe soient influencés les uns par les autres, ce qui est généralement le cas. C’est ainsi que des groupes en tout point comparables peuvent prendre des décisions très différentes.”

Tous droits réservés

Les effets de cascade

La mécanique de l’influence sociale est accentuée par deux phénomènes : les cascades informationnelles et la pression sociale. Imaginez ce même groupe de dix personnes qui se réunissent pour choisir entre plusieurs candidats à un poste important. Les participants à la réunion s’expriment, comme c’est l’usage, l’un après l’autre. Chacun naturellement est à l’écoute du jugement de ses pairs. Les premières opinions exprimées vont influencer les suivantes, grâce à la confiance mutuelle entre les participants. Vous avez sans doute déjà vécu cette situation, même si initialement votre avis était peut-être contraire. Vous vous êtes rallié à la majorité, soit parce que vous manquiez d’informations pour porter un jugement, soit parce que vous doutiez de votre propre capacité à évaluer spécifiquement cette situation, soit parce que vous saviez écouter les arguments d’autrui et qu’ils vous avaient convaincu. 

On imagine aisément que cet effet va croissant avec le nombre de personnes qui expriment une opinion concordante. Plus celles qui ont exprimé une préférence pour un même candidat seront nombreuses, et plus on hésitera à s’opposer à elles sans de très solides raisons. Cette mécanique de cascade informationnelle est présente dans tous les groupes. “Le consensus que nous interprétons comme le reflet de la sagesse collective peut n’être que le produit des opinions initiales de quelques personnes”, relèvent les auteurs de “Noise”.

« C’est pas parce qu’ils sont nombreux à avoir tort qu’ils ont raison. »

Coluche

La pression sociale est l’autre phénomène à l’oeuvre qui conduit à une prise de décision unanime au sein d’un groupe. Dans une entreprise, il arrive que l’on choisisse de taire son désaccord, pour ne pas donner l’impression d’être négatif, borné, agressif ou antipathique. “Le paradoxe de la cascade de pression sociale est identique à celui de la cascade informationnelle : on a tendance à surestimer la conviction des personnes qui se sont déjà exprimées, et à sous-estimer le rôle qu’a joué la pression sociale dans la formation de leur opinion. C’est ainsi qu’on ajoute sa voix au consensus, et qu’on accroît le niveau de pression sociale sur les participants suivants. Dans toutes les organisations, la conjonction des cascades informationnelles et des cascades de pression sociale peut produire une grande confiance, et un soutien unanime, sur un jugement totalement erroné.”

Compte tenu des risques d’erreur lorsque des décisions importantes sont prises à l’issue d’un processus délibératif, il est essentiel de bien préparer votre présentation. Lorsque vous avez besoin de faire approuver une recommandation à un groupe de décideurs (managers, patrons, actionnaires), il convient d’adapter votre stratégie de communication en anticipant la dynamique du groupe.

Anticiper la dynamique de groupe

La première chose à faire est de connaître parfaitement votre auditoire. Comment le groupe a-t-il l’habitude de délibérer ? Si vous n’avez pas encore fait de réunion avec ce groupe, qui pourrait vous informer ? Qui va prendre la décision à propos de votre projet ? Quelles sont les personnes qui vont influencer cette décision ? Quels sont les véritables objectifs de chacun – leurs “agendas” ? Qui est a priori favorable et qui est contre votre recommandation ? Il s’agit d’effectuer un véritable mapping de votre audience. Vous pouvez alors anticiper les questions qui vous seront posées, les sujets prioritaires pour chacun, et ainsi être vigilant sur la dynamique du groupe. En tenant compte de l’influence sociale et des effets de cascade propres à ce groupe, vous êtes en mesure d’apporter les informations les plus utiles aux personnes les plus influentes en vue d’obtenir une délibération qui vous soit favorable.

Le mapping de votre audience et la connaissance de la dynamique du groupe peuvent révéler des points de friction ou des risques d’opposition à votre recommandation. N’hésitez pas alors à faire campagne comme un politique ferait du porte-à-porte en quelque sorte. En amont de la réunion, vous rencontrez individuellement chaque membre du groupe de décideurs et vous leur présentez votre stratégie. Chacun a le temps de se forger un avis de façon indépendante sans le bruit généré par les opinions des autres. Autre avantage considérable pour vous, vous allez peut-être découvrir un sujet bloquant que vous n’aviez pas anticiper, et cela vous permet d’ajuster votre recommandation pour le jour J. Dernier atout et pas des moindres, vous vous faites des alliés. En les consultant en amont, vous leur prouvez que leur opinion compte et vous pratiquez ainsi de la reconnaissance pour leurs compétences. Le besoin de reconnaissance est l’un des moteurs les plus puissants chez l’être humain.

Au moment de la présentation, allez droit au but. Pour obtenir une décision d’un dirigeant, fournissez une recommandation claire avec une structure solide et un contenu facile à lire. Certains dirigeants accordent un créneau d’une demi-heure à chaque idée, mais si vous êtes prévu pour trente minutes, ne préparez formellement que dix minutes solides – car vous serez interrompu. De nombreux cadres supérieurs peuvent rapidement “voir” la majeure partie de l’idée, et ils vous interrompront soit pour clarifier les parties qu’ils ne peuvent pas voir, soit pour vous demander ce qu’ils pensent devoir faire. Répondre aux questions en cours de présentation vous permet ainsi de purger immédiatement les sujets qui pourraient leur poser problème.

Comme toujours, le secret d’une communication réussie réside dans sa préparation.

Photo en haut : De gauche à droite : Jean-Pierre Nadir, Delphine André, Marc Simoncini, Éric Larchevèque et Anthony Bourbon de l’émission “Qui veut être mon associé ?” (saison 3) sur M6. © Pierre-Olivier / M6


Guilty Pleasure

© 2021 20th Television

Il est rare de trouver une série qui fait autant l’unanimité des critiques et du public. “Dopesick” relate le plus gros scandale sanitaire américain de ces 20 dernières années : la crise des opioïdes. L’Amérique est devenue accro à un antidouleur d’une redoutable efficacité, l’OxyContin, provoquant un demi-million de morts par overdose.

Cette série choc raconte comment un laboratoire pharmaceutique a pu pendant des années répandre impunément ce fléau avant d’être enfin coincé par la justice. On y découvre entre autres comment ils ont menti et manipulé leurs salariés, les médecins et les patients en s’appuyant sur les effets de cascade et l’influence sociale. Malgré les premières alertes, tout le monde se convainc que tout va bien et la cupidité fait le reste.

“Dopesick” est à voir sur Disney+.


Citation

photo : Nadar © Maison de Victor Hugo

« Soyez comme l’arbre, changez vos feuilles, mais jamais vos racines. Vous pouvez changer vos opinions, mais jamais vos principes. »

Victor Hugo

Vous voulez développer vos compétences en management, communication ou prise de parole ? Contactez-moi ici pour un coaching individuel ou une formation en groupe.


Merci d’avoir lu ma newsletter.
Pour encore plus d’inspiration et de conseils pratiques en management, communication et prise de parole en public : consultez mes précédents articles ici.
Si cette newsletter vous a été transférée, cliquez ici pour vous inscrire.


photo de livres

10 livres essentiels pour développer vos soft skills

Pourriez-vous qualifier votre profession actuelle de vocation ? Moi, non ! Du moins, c’est l’histoire que je me racontais il n’y a pas si longtemps encore : “Je fais ce métier par hasard”.

Il y a six ans, la directrice du Cours Florent me propose de devenir professeur de prise de parole en public pour leur clientèle de managers et de directeurs. Puis je monte ma structure, Tout Bouge, et j’étends mon offre d’accompagnement et de conseil à tous les autres domaines qui me passionnent : management, leadership, communication, événementiel et prise de parole bien sûr. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été curieux d’apprendre et j’adorais offrir des livres à mes collègues au gré de mes découvertes. Finalement, transmettre et partager ont toujours fait partie de ma vie.

La rentrée de septembre est le moment idéal pour planifier vos prochaines lectures. Alors, voici dix livres qui feront vraiment la différence pour développer vos compétences comportementales (soft skills). Ce sont tous des ouvrages classiques, incontournables, fondamentaux, indispensables, essentiels… bref, vous avez saisi l’idée.

1. “Les secrets d’une communication réussie” de Larry King est une mine d’or pour qui veut pratiquer l’écoute active, l’art du questionnement et le storytelling. 

2. “Leçons de leadership créatif” de Bob Iger est une autobiographie passionnante qui vous plonge dans le quotidien de celui qui fut le PDG visionnaire de The Walt Disney Company pendant quinze ans. 

3.  “Connectez-vous à vous-même” de Chade-Meng Tan est la description complète et pratique du programme de leadership “Search Inside Yourself”, développé en interne par Google et fondé sur les neurosciences, l’intelligence émotionnelle et la méditation de pleine conscience (Mindfulness)

4. “Les 7 habitudes de ceux qui réalisent tout ce qu’ils entreprennent” de Stephen R. Covey est un outil précieux pour agir en accord avec ses valeurs et ses principes, tant dans sa vie privée que professionnelle. Ne vous fiez pas à son titre très marketing, son contenu est d’une grande valeur.

5. “Les mots sont des fenêtres” de Marshall B. Rosenberg est une introduction aux techniques de communication non-violente si utile dans la gestion de désaccords et de conflits au bureau mais aussi à la maison.

6. “Les quatre accords toltèques” de Don Miguel Ruiz est un best-seller mondial dans la catégorie développement personnel. Pourtant, ce petit livre devrait être offert à tous les managers car ses quatre principes sont d’une telle puissance en toutes circonstances.

7.  “La guerre de l’art” de Steven Pressfield est un guide efficace pour dépasser ses blocages, lutter contre la procrastination et réussir dans une carrière artistique. Des qualités tout autant indispensables au bureau pour oser, créer et être authentique.

8. “Qui a piqué mon fromage ?” de Spencer Johnson est une fable amusante qui vise à chasser nos peurs, nos inhibitions et nos préjugés face au changement et nous incite à l’anticiper, à le dédramatiser et même à nous en réjouir.

9. “Soar with Your Strengths” de Donald O. Clifton et Paula Nelson explique comment obtenir le meilleur résultat possible en se concentrant sur les points forts et en s’éloignant des points faibles. Cette approche révolutionnaire et humaniste du monde des affaires transformera votre carrière et même votre vie – vos enfants vous diront merci.

10. “Croyez en vous !” du Dr Jessamy Hibberd démonte pas à pas les racines de votre syndrome de l’imposteur et vous guide d’une façon très concrète vers la confiance en vous, pour bâtir une meilleure opinion de vous-même certes, mais surtout pour relever avec succès tous les défis.

11. Parce que tout va tellement mieux avec l’humour, voici un petit bonus, un onzième livre : “Perles de Churchill” de François Jouffa et Frédéric Pouhier. Ce recueil de 300 citations de Winston Churchill vous fera autant rire que réfléchir. Enjoy!

“Si vous ne pouvez lire tous vos livres, au moins, touchez-les et, plutôt, cajolez-les, laissez-les s’ouvrir où bon leur semble, lisez la première phrase qui vous attire l’œil, replacez-les sur leur étagère de vos propres mains, disposez-les selon votre plan personnel ; ainsi, même si vous ne savez ce qu’ils contiennent, vous saurez au moins où ils sont. Qu’ils soient vos meilleurs amis ; qu’ils soient en tout cas vos familiers.”

Winston Churchill

Photo en haut : © Arnaud Cazet


Vous voulez développer vos compétences en management, communication ou prise de parole ? Contactez-moi ici pour un coaching individuel ou une formation en groupe.


Merci d’avoir lu ma newsletter.
Pour encore plus d’inspiration et de conseils pratiques en management, communication et prise de parole en public : consultez mes précédents articles ici.
Si cette newsletter vous a été transférée, cliquez ici pour vous inscrire.


Au centre : Maarten van Nispen, directeur de la communication du Groupe Stage Entertainment. À droite, Stephan Jaekel, directeur de la communication de la filiale allemande, et moi à gauche. En juin 2017 à Paris.

Travailler sérieusement sans se prendre au sérieux

Êtes-vous déjà dans le feu de l’action ou encore détendu.e grâce à vos vacances ? Si cette légèreté estivale, qui vous donne si souvent le sourire, se prolongeait bien au-delà de votre retour de congés, ce serait merveilleux n’est-ce pas ?

En octobre 2010, le lancement de la nouvelle production du musical “Mamma Mia!” au Théâtre Mogador est un triomphe. Les ventes de billets explosent. Le feel-good show signé Abba fait suite à un autre succès, “Le Roi Lion” de Disney, qui avait fièrement régné sur cette même scène pendant trois ans. L’attention des médias et des journalistes économiques commence à se porter sur notre entreprise, la petite filiale française du leader européen des spectacles vivants, Stage Entertainment. 

Je reçois l’appel d’un journaliste de la rédaction de “Capital” de M6 :

– “Nous préparons une émission spéciale pour Noël sur les dernières tendances dans le divertissement, et notamment les comédies musicales qui cartonnent enfin en France. Évidemment, votre succès commercial avec “Mamma Mia!” nous intéresse.

– Merci beaucoup pour votre intérêt. Mais vous savez, notre société n’est pas cotée en bourse et toutes nos données financières restent confidentielles. Je suis prêt à vous ouvrir les portes de nos coulisses mais rien ne filtrera sur nos budgets.

– Vous ne serez pas les seuls, nous enquêterons aussi sur une autre production française. Qu’en pensez-vous ? À quoi pourrions-nous avoir accès ?

– Sur “Mamma Mia!”, à tout : coulisses, répétitions, extraits de spectacle, artistes, … En revanche, à défaut de nos chiffres, seriez-vous intéressé par un voyage de presse à notre siège en Hollande pour découvrir nos méthodes de travail, faire une interview de notre président et assister à l’inauguration d’un nouveau théâtre à Amsterdam. 

– Oui, pourquoi pas.

– Ok ! Je me renseigne sur le programme précis que nous pouvons vous concocter et vous fais une proposition de planning de tournage.

– Merci. Et regardez quand même pour les chiffres, on ne sait jamais ?”

En effet, c’est le bon moment pour avoir un long reportage, en prime time sur une chaîne nationale, sur la success-story de Stage Entertainment en France et surtout pour positionner “Mamma Mia!” comme le plus grand succès de la saison. J’appelle Maarten van Nispen, le directeur de la communication institutionnelle du groupe. Il est l’une des personnes les plus cultivées que je connaisse et son français est impeccable : 

– “Arnaud, c’est une excellente nouvelle ce reportage ! Mais pourquoi es-tu si inquiet ?

– Parce que ce sont d’excellents journalistes d’investigation qui font de sérieuses enquêtes et qu’ils finissent toujours par obtenir beaucoup d’informations, jusqu’aux chiffres les plus confidentiels. Nous faisons entrer le loup dans la bergerie. Il va nous bombarder de questions, il va creuser sur tout et tout le monde va passer à la moulinette : salaires, chiffres de ventes, … Un mauvais reportage dans “Capital” peut détruire en quelques minutes la réputation et l’image d’une entreprise.

– He bien, donnons-lui deux ou trois chiffres pour calmer son appétit et planifions un programme dont le contenu sera si riche qu’il ne pourra même pas tout montrer dans son émission et qui lui passera l’envie d’aller voir ailleurs.” 

Pendant tout le tournage, le journaliste est à l’affût du moindre petit détail qui fuiterait. Je suis très tendu car la caméra tourne presque tout le temps et les micros restent toujours ouverts. Ils captent la moindre conversation en aparté. Je crains le pire. Et celui dont j’ai le plus peur, c’est moi. Je ne veux faire aucun impair. Je sors de ces trois jours de tournage é-rein-té. 

En revanche, Maarten reste léger, souriant, aimable et même blagueur. Face aux questions du journaliste qui fusent, il garde le contrôle. Il esquive avec malice les sujets difficiles, il explique avec enthousiasme la culture de l’entreprise et sa stratégie. C’est presque comme si tout glisse sur lui, comme l’eau sur les plumes d’un canard. Par son comportement décontracté et professionnel, Maarten me donne une master class que je n’oublierai jamais. Sa joie de vivre et son humour lui permettent de s’adapter à toutes les situations, mêmes les plus imprévues ; elles ne sont pas vécues comme des obstacles mais comme des opportunités.

Quelques semaines plus tard, le résultat est là. Le reportage à notre sujet est excellent. Le “control freak” que je suis est soulagé et les ventes poursuivent leur envol. Quel stress et quelle pression pour moi ! Mais à qui la faute ? À moi-même, bien sûr. Depuis, j’ai bien souvent observé combien la légèreté, la joie et l’humour font des miracles en management et en communication. Comment un état émotionnel peut conduire à de si bons résultats ? 

Cet été, j’ai trouvé les réponses à toutes mes questions (enfin presque) dans ce livre génial et drôle, “Humor, Seriously”, écrit par deux professeures de la prestigieuse école de commerce de Stanford, Jennifer Aaker et Naomi Bagdonas. Selon elles, Il existe une croyance erronée dans le monde des affaires d’aujourd’hui : il faut être sérieux tout le temps pour être pris au sérieux.

Mais la recherche raconte une histoire différente, que l’humour peut être l’un des outils les plus puissants dont nous disposons pour accomplir des choses sérieuses. Les études montrent que l’humour nous donne l’impression d’être plus compétents et plus sûrs de nous, qu’il renforce les relations, libère la créativité et stimule notre résilience dans les moments difficiles. Toujours selon Aaker et Bagdonas, “il permet aussi d’éviter un froncement de sourcils permanent et disgracieux, connu sous le nom de “visage du patron au repos”.

Les autrices de “Humour, Seriously” s’appuient sur les découvertes de spécialistes du comportement, de stars de la comédie et de brillants chefs d’entreprise pour révéler comment l’humour fonctionne et – plus important encore – comment l’utiliser davantage et mieux.

Votre cerveau, un addict de l’humour

Lorsque nous rions, notre cerveau libère un cocktail d’hormones qui nous rendent plus heureux (dopamine), plus confiants (ocytocine), moins stressés (baisse du cortisol) et même légèrement euphoriques (endorphines). En intégrant l’humour dans nos interactions professionnelles, nous pouvons servir à nos collègues ce puissant cocktail d’hormones, et ce faisant, nous pouvons littéralement modifier leur chimie cérébrale – et la nôtre – sur le champ.

Mais la neuroscience n’est qu’une partie de l’histoire. Il existe également de nombreuses recherches sur le comportement qui établissent un lien entre l’utilisation de l’humour dans le monde des affaires et le développement :

  • du pouvoir, en améliorant la perception qu’ont les autres de notre statut et de notre intelligence, en influençant leur comportement et leur prise de décision, et en rendant nos idées plus mémorables.
  • des liens, en accélérant le chemin vers la confiance et la révélation de soi dans les nouvelles relations, et en nous rendant plus satisfaits de nos relations au fil du temps.
  • de la créativité, en nous aidant à voir des liens qui nous échappaient auparavant et en nous faisant sentir psychologiquement suffisamment en sécurité pour partager nos idées risquées ou non conventionnelles.
  • de la résilience, en réduisant le stress sur le moment, ce qui nous permet de rebondir plus rapidement en cas de revers.

En comprenant exactement comment l’humour et la joie modifient la chimie de notre cerveau, notre psychologie et notre comportement, nous pouvons devenir plus habiles à les utiliser de manière stratégique.

“Une journée sans rire est une journée perdue.”

Charlie Chaplin

Comment créer une culture de la légèreté au travail


Donner le ton depuis le sommet

Ce sont les dirigeants qui ont le plus d’influence sur la culture de travail d’une organisation. L’une des façons les plus efficaces pour eux d’engendrer une culture de la légèreté est d’incarner publiquement – et de permettre – l’humour, en envoyant des signaux forts et cohérents que la légèreté et le jeu sont souhaités et acceptés. En ne se prenant pas trop au sérieux publiquement, les dirigeants donnent le ton de la culture et autorisent tacitement les autres membres de l’organisation à suivre leur exemple. Plus précisément, de quelle façon ?

L’humour organique est accessible à tout le monde. C’est lorsque vous réagissez simplement à l’instant présent (le “ici et maintenant”) ; tout ce qui est même légèrement surprenant ou peu sérieux – le plus petit geste de jeu – peut susciter le rire. Par exemple, si vous montez sur scène, que vous ratez accidentellement une marche et que, dans un geste désespéré pour ne pas vous étaler devant toute l’entreprise, vous vous accrochez à la jupe de la DRH qui s’apprête à vous passer la parole, c’est de l’or comique. Quinze ans plus tard, on rit encore de ma cascade imprévue !

Il est facile de dire “Soyez spontanément drôle”, mais il est beaucoup plus difficile de le faire dans la pratique affirment Jennifer Aaker et Naomi Bagdonas. Elles suggèrent de vous concentrer sur la création de conditions favorables à un humour spontané qui ne semble pas forcé. Et le moyen le plus simple d’y parvenir est de mettre en valeur ce qui existe déjà : vos relations de travail les plus naturellement ludiques et amusantes. Par exemple, qui pourrait co-animer avec vous l’introduction du prochain séminaire de votre entreprise et créer une dynamique joyeuse qui donne le ton à tout ce qui va suivre ?

Dans l’improvisation au théâtre, il y a des règles (oui je sais c’est contre-intuitif). L’une des plus importantes est le concept du “Oui, et”. C’est la règle selon laquelle lorsque votre partenaire de scène fait une proposition (explicite ou implicite), vous êtes toujours d’accord avec les prémisses et vous y ajoutez quelque chose de nouveau. L’approche “Oui, et” ajoute à la scène, aide à développer l’humour et établit la confiance entre les partenaires de jeu. 

Le chemin le plus sûr pour encourager une culture de la légèreté qui surgit naturellement des collègues et des équipes, est le “Oui, et”. Ce point est encore plus important (ou ressenti de manière plus aiguë) lorsque les actes de légèreté des collaborateurs se font aux dépens des dirigeants. Acceptez et encouragez ! Songez à la Fête des fous, au Carnaval, où l’on renverse tout symboliquement et où les manants deviennent les rois ; un exutoire salutaire pour relâcher la pression, abolir les hiérarchies et rassembler les gens.

Dans son autobiographie “Balancing Acts”, l’ex-PDG du Cirque du Soleil, Daniel Lamarre raconte : “Guy (Laliberté, le fondateur du Cirque) s’inquiéta de savoir si j’étais toujours trop sérieux, aussi m’adjoignit-il un clown personnel du nom de Madame Zazou. Cette dernière me suivait partout, bien décidée à toujours me faire rire et me ramener à l’essentiel, ainsi que mon équipe. Elle débarquait au milieu de réunions sans s’annoncer et hurlait : « Vous n’êtes pas tannés d’écouter ces gens ennuyeux ! Allez, levez-vous ! » Et elle entraînait tout le monde dans une séance d’exercices plus ridicules les uns que les autres tout en poussant des chansonnettes improvisées sur les spectacles sur lesquels nous travaillions. À son départ, nous nous sentions tous libérés, soudés et inspirés.”

(Madame Zazou et Daniel Lamarre © Marc-Antoine Charlebois – 2021)

Repérer les talents

Aux Studios Pixar, Ed Catmull (co-fondateur et ex-président) considérait les rituels loufoques qui remplissaient les couloirs de rires, de joie et de monstres à fourrure comme le véritable liant de l’entreprise. Mais il n’a jamais pensé que c’était le rôle d’un dirigeant d’essayer de dicter les termes de la culture depuis le haut de la hiérarchie : “Le fun n’est pas une affaire de haut en bas”. Au contraire, une culture de la légèreté peut – et doit – venir de tous les niveaux. Et si vous regardez, vous trouverez de l’énergie potentielle tout autour. Les employés qui peuvent contribuer à créer cette culture sont souvent bien plus nombreux qu’on l’imagine. C’est pourquoi identifier et mettre en avant ces instigateurs, ces porteurs de culture ou ces joyaux cachés encourage l’humour et le jeu et signale qu’il n’y a pas de mal à enfreindre les règles pour le bonheur du plus grand nombre.

“Les gens oublieront ce que vous avez dit,

les gens oublieront ce que vous avez fait,

mais les gens n’oublieront jamais ce que vous leur avez fait ressentir.”

Maya Angelou

Institutionnaliser la légèreté

Pour créer une culture de la légèreté qui résiste à l’épreuve du temps, la qualité des événements de communication interne est déterminante. Lorsque vous pensez à ce qui a été le plus mémorable et le plus important – ce qui a eu le plus d’impact sur la façon dont vous vous sentez dans votre travail – quels sont les moments qui vous viennent à l’esprit ?

Notre cerveau est câblé de telle sorte que nous nous souvenons de notre vie moins comme une bande de film de l’expérience en cours que comme une série d’instantanés. Et ces instantanés – ceux qui vous viennent à l’esprit lorsque vous vous arrêtez pour réfléchir – ne sont pas pris au hasard. Au contraire, ils se présentent de manière disproportionnée sous deux formes : le moment le plus intense d’une expérience sur le plan émotionnel (le “pic”) et le moment final d’une expérience (la “fin”). Par conséquent, ces deux types de moments pèsent lourdement dans la façon dont nous nous souvenons des événements, des expériences, des emplois et même des personnes de notre vie.

Ce sont les chercheurs en psychologie Barbara Fredrickson et Daniel Kahneman qui ont découvert et théorisé “the peak-end rule” dans les années 90.

La compréhension de ce phénomène vous ouvre une fenêtre sur comment vous pouvez façonner les souvenirs partagés de votre culture et les émotions qui se répercutent sur les employés longtemps après l’expérience. Bien sûr, tous les moments comptent lors des événements internes mais assurez-vous de la présence d’au moins un pic et d’une fin marquante émotionnellement forts. C’est d’ailleurs ainsi que “Mamma Mia!” est construit : des scènes comiques efficaces avec des chorégraphie iconiques sur des tubes planétaires puis un rappel final en forme de mini-concert pour faire danser toute la salle.

Mais lancer des événements nouveaux, et humoristiques, peut être difficile. Parfois, le plus simple est de commencer par vous appuyer sur votre sens de l’observation. Recherchez les moments de plaisir organique, et lorsque vous observez ceux qui sont en résonance avec la culture que vous aspirez à avoir, sortez du cadre ou soutenez-les, et permettez-leur d’évoluer.

Les traditions, selon Catmull, sont des choses auxquelles il faut s’accrocher légèrement ; certaines disparaîtront et d’autres prendront leur place. Les dirigeants doivent respecter les anciennes traditions tout en les laissant s’effacer pour que de nouvelles puissent émerger. Ils doivent avoir confiance dans le fait qu’ils ont planté les bonnes graines et donné les moyens d’agir aux bonnes personnes, afin que de nouveaux rituels puissent voir le jour. 

La légèreté, la “soft skill” prioritaire pour un leadership contemporain

Il y aurait tant d’autres choses à dire sur la frontière entre humour et irrespect ou sur l’équilibre délicat entre sérieux et légèreté. “Humor, Seriously” est une mine d’or pour qui veut progresser dans ses “soft skills”. Il est plus que temps de considérer la légèreté comme une compétence comportementale prioritaire à développer et à cultiver pour les managers et les leaders d’aujourd’hui. “Dans ce nouveau monde du travail à distance, où nous voyons rarement nos collègues en personne – ou à partir de la taille – les recherches révèlent que l’humour est l’une des forces les plus puissantes dont dispose une organisation pour créer un lien authentique, un bien-être et une sécurité intellectuelle entre nos collègues”, déclare Naomi Bagdonas.

Dans son livre « L’homme-joie », le poète Christian Bobin décrit ainsi l’expérience de la légèreté : « Quelques secondes suffisent, n’est-ce pas, pour vivre éternellement. « Nous sentons et nous éprouvons que nous sommes éternels » : cette pensée de Spinoza a la douceur d’un enfant endormi à l’arrière d’une voiture. Nous avons, vous et moi, un Roi-Soleil assis sur son trône rouge dans la grande salle de notre cœur. Et parfois, quelques secondes, ce roi, cet homme-joie, descend de son trône et fait quelques pas dans la rue. C’est aussi simple que ça. »

Pour être franc avec vous, j’ai un pincement au coeur quand je pense à Maarten van Nispen. Je ne le reverrai pas dans cette vie-là. Mais ce qui me réjouit, c’est que le 17 janvier 2020, à ses funérailles à Amsterdam, il y avait des centaines de personnes pour lui rendre hommage. Il savait mieux que quiconque entretenir l’amitié et donner un coup de main quand c’était compliqué. Son enthousiasme, sa gentillesse et sa bonne humeur étaient si communicatifs et réconfortants. Pour toujours, Maarten, tu es et resteras pour moi l’homme-joie !

Photo en haut : Au centre : Maarten van Nispen, directeur de la communication du Groupe Stage Entertainment. À droite, Stephan Jaekel, directeur de la communication de la filiale allemande, et moi à gauche. En juin 2017 à Paris. © Arnaud Cazet


Vous voulez développer vos compétences en management, communication ou prise de parole ? Contactez-moi ici pour un coaching individuel ou une formation en groupe.


Merci d’avoir lu ma newsletter.
Pour encore plus d’inspiration et de conseils pratiques en management, communication et prise de parole en public : consultez mes précédents articles ici.
Si cette newsletter vous a été transférée, cliquez ici pour vous inscrire.


photo de la série "En analyse" sur Arte

Le courage d’écouter

Si vous cherchez à perfectionner vos “soft skills” en communication, la série “En Thérapie” est un must see. Sa deuxième saison cumule déjà une audience numérique exceptionnelle de plus de 20 millions de vidéos vues sur arte.tv. Pas d’inquiétude, la regarder ne vous transformera pas en psy du travail. En revanche vous pourriez bien progresser dans vos compétences managériales. Chaque épisode est une masterclass sur la pratique de l’écoute active et du questionnement, techniques ô combien essentielles à vos entretiens en face à face, quel que soit votre interlocuteur.

Ces conversations en présentiel deviennent primordiales à l’heure de la généralisation du télétravail et de l’explosion des canaux de communication. La pression pour le manager de réussir ces moments se fait donc plus grande puisque les opportunités sont plus rares.

Que signifie réussir un entretien ? C’est parvenir à ce que le ressenti de chacun soit exprimé et reconnu et que les points de vues différents soient respectés, afin de résoudre un conflit ou de se mettre d’accord sur un plan d’action par exemple. En somme, réussir un entretien c’est nourrir le lien de confiance qui unit le manager au collaborateur.

Pour faciliter cette discussion, votre première démarche consiste à écouter activement. Il existe dans toute relation un risque réel de malentendu ou d’incompréhension. En d’autres termes, ce que vous comprenez ne correspond pas nécessairement à ce que votre interlocuteur a voulu dire. L’écoute est le meilleur moyen de réduire cet écart.

En tant que manager, la tentation est grande de vouloir parler tout de suite, en essayant de prouver que vous avez déjà tout compris de la situation. Cependant, vous feriez fausse route. Vous exercez pleinement votre leadership lorsque vous êtes curieux de ce qui est réellement dit et que vous encouragez l’autre à s’exprimer.

“Si je devais résumer en une phrase le principe le plus important que j’ai appris dans le domaine des relations interpersonnelles, ce serait celui-ci : chercher d’abord à comprendre, puis à être compris.”

Stephen Covey, célèbre consultant en management

Écouter attentivement va au-delà d’entendre. Cela suppose de :

  • Prêter attention à tout ce qui est dit et pas seulement à ce qui nous intéresse.
  • Écouter ce que l’interlocuteur dit et pourquoi il le dit
  • Ne pas interpréter ce qu’il dit en fonction de ce qui nous arrange
  • Se concentrer sur ce que l’interlocuteur est en train de dire, plutôt que sur ce que nous allons répondre
  • Ne pas chercher à lui couper la parole
  • Ne pas combler les silences, mais laisser le temps à l’autre de concevoir et formuler sa pensée

L’écoute active présuppose de se mettre dans une attitude d’ouverture et de disponibilité. Il s’agit de mettre en place toutes les conditions pour que mentalement vous soyez prêt à accueillir la parole de l’autre sans a priori : prendre quelques minutes avant l’entretien pour se concentrer, relire ses notes et, parfois même, se calmer. Puis vous coupez toutes les sources de distraction telles que les notifications de votre smartphone. Vous pouvez même choisir un lieu en dehors du bureau pour vous assurer de ne pas être dérangé.

En observant votre entourage, vous mesurez combien l’écoute active est une compétence comportementale clé dans toutes les professions. Elle est particulièrement chérie et travaillée chez les acteurs. Elle est au coeur de la méthode développée par Sandy Meisner, célèbre professeur américain en art dramatique. Pour le comédien, apprendre à écouter et à réagir avec sincérité nécessite de se débarrasser de la prétention, de l’ego, de l’affectation, de la préméditation et de toute sorte de falsification. Lorsqu’on demande à Frédéric Pierrot comment il fait pour interpréter avec authenticité le rôle du Dr Philippe Dayan dans “En Thérapie”, il répond : “Je suis absolument concentré sur l’écoute”.

La semaine dernière, alors que je lui disais comment je m’amusais à anticiper les questions du Dr Dayan quand je regarde un épisode, mon psy m’a répondu : “Freud est parti du principe que le médecin n’était plus le seul détenteur de la solution mais que le patient lui-même possédait toutes les ressources à sa propre guérison. Freud a eu le courage d’écouter ses patients.” Et vous, avez-vous le courage d’écouter vos collaborateurs ?

Photo en haut : © Manuel Moutier


Vous voulez développer vos compétences en management, communication ou prise de parole ? Contactez-moi ici pour un coaching individuel ou une formation en groupe.


Merci d’avoir lu ma newsletter.
Pour encore plus d’inspiration et de conseils pratiques en management, communication et prise de parole en public : consultez mes précédents articles ici.
Si cette newsletter vous a été transférée, cliquez ici pour vous inscrire.


Optimisez vos présentations à des dirigeants

Le 15 avril 2022, je répondais aux questions du podcast Legal Club Sandwich 🥪 où je partageais des conseils pour réussir vos présentations à des dirigeants. 

Que vous soyez juristes ou non, ces conseils devraient vous être utiles pour toutes vos présentations à des publics importants. Découvrez ce nouvel épisode passionnant et … fun !

🖥 Regardez le replay sur Youtube : https://youtu.be/bx6q32xlJ2g

🎧 Écoutez l’épisode en podcast : https://bit.ly/3Mfm2dH

Un grand merci à Pierre LandyLyndia Lesauvage et Audrey Déléris pour leur invitation.


Persuader avec la pyramide de Maslow

Récemment, une cliente me demande à propos du contenu d’une formation que je prépare pour ses équipes : “la pyramide des besoins de Maslow, n’est-ce pas un peu dépassé aujourd’hui ?” Boum ! C’est le genre de question coup de poing qu’on adore en tant que coach. Et on se dit aussi que ça ferait un très bon sujet de newsletter ou de blog.

La pyramide des besoins, un faux ami ?

L’une des analyses les plus utiles de la motivation de l’individu est la théorie de Maslow dont les premiers travaux datent de 1943. Il a identifié cinq types de besoins qui agissent sur la motivation des individus : les besoins physiologiques, les besoins desécurité, les besoins sociaux, les besoins d’estime de soi et les besoins de dépassement de soi.

L’une des plus importantes contributions qu’il a apportée à la psychologie de la motivation est d’avoir découvert que certains besoins doivent être en partie satisfaits pour que d’autres commencent à agir en tant que facteurs de motivation. Sur la base de cette découverte, Maslow aurait disposé les besoins qu’il avait identifiés en une pyramide appelée la “hiérarchie des besoins”. Mais c’est faux.

© Sciences Humaines Magazine

Une récente étude a démontré que la présentation hiérarchique sous forme de pyramide aurait été créée, dans les années 60, par Charles McDermid, un psychologue consultant et formateur en management. Il savait l’efficacité pédagogique de ce type de diagramme. En établissant un palmarès des cinq catégories de besoins et en le représentant sous forme d’une pyramide, il permettait à ses stagiaires de mieux les mémoriser. Voilà comment on engendre une mauvaise interprétation des premières idées de Maslow. 

Il y a un an, j’accompagnais deux personnes dans leur recherche d’emploi et qui étaient toutes deux célibataires. Le premier avait besoin d’être en couple pour décrocher un job. Il a trouvé un compagnon assez rapidement. Puis se sentant plus confiant, il a réussi ses entretiens pour un nouveau travail. Quant à l’autre coaché, se sentir en sécurité avec un emploi était son objectif premier. Envisager une relation sentimentale était en dehors de ses préoccupations. Une fois le nouvel emploi obtenu, il s’est mis en couple quelques mois plus tard. La satisfaction des besoins, soit de niveau 2 (sécurité) soit de niveau 3 (amour et appartenance), n’avait pas la même priorité pour les deux coachés.

En fait, l’ensemble des besoins personnels est présent en chacun de nous. Cependant, d’un individu à l’autre et en fonction des situations, la force relative de ces différents besoins varie. De la même façon, ils varient aussi pour un même individu en fonction des circonstances et des situations. 

Une communication plus empathique et efficace

“L’introspection suscitée par les confinements successifs a fait glisser les postures professionnelles des Français,” constate Muriel Jasor dans Les Échos“Leur rapport au travail, au temps, au bureau a changé. Résultat : 47 % des personnes sondées souhaitent quitter leur entreprise quand 46 % ne le veulent pas. (…) Malaise. Alors que nombre d’impacts de la crise demeurent inconnus, comment, à présent, s’adresser aux équipes ?”

C’est là que la théorie de Maslow sur la motivation entre en jeu dans la communication et le management, comme un moyen de classer tous ces besoins émergents et de ne rien rater de ce qui est important pour ses interlocuteurs (collaborateurs, supérieurs, clients, partenaires, actionnaires, etc.). La compréhension de la dynamique des besoins est utile pour motiver les collaborateurs, car elle permet d’adapter sa communication et son style de management en fonction de chacun. À l’inverse, la non prise en compte des besoins permet aussi d’expliquer pourquoi certaines personnes adoptent des comportements dits négatifs.

Pour réussir sa communication et persuader ses interlocuteurs, la pratique de l’écoute active constitue le socle de départ. Savoir questionner et écouter entre les lignes ce qui est dit. Puis répondre avec pertinence aux besoins exprimés si on a déjà les bonnes informations ou s’engager à le faire plus tard. On vérifie qu’aucune des cinq catégories de besoins n’est oubliée afin de couvrir tous les sujets qui comptent pour nos interlocuteurs.

La théorie de la motivation de Maslow est utilisée comme un outil pour une communication efficace, qui emporte l’adhésion. Elle permet une communication plus empathique. Mais cette dernière s’avèrerait totalement vaine si les actes n’étaient pas en accord avec les mots. En matière de leadership, l’exemplarité reste toujours l’outil le plus fort.

Persuader ou convaincre ?

D’après l’enquête “What Do You Do at Work?” réalisée par Daniel Pink en 2010, “les gens consacrent à peu près 40% de leur temps de travail au commercial sans vente – persuader et influencer autrui sans que cela implique que quiconque effectue un achat.” Savoir persuader est une compétence essentielle à la réussite professionnelle. Diriger, c’est communiquer ! 

En tant que leader, le manager a pour mission d’obtenir l’adhésion et l’implication de ses collaborateurs, nécessaires à l’atteinte des objectifs. Il n’est pas question de convaincre, car comme le disait ma coach Évelyne Potier : “dans convaincre, il y a Con et Vaincre”. Il s’agit plutôt d’exercer une influence sur la performance des équipes mais aussi sur les décisions de son supérieur hiérarchique.

Un management fondé sur la force et la peur est certes très efficace en matière de résultats à court terme mais dévastateur en matière de motivation des individus. Obtenir l’adhésion des collaborateurs par une démarche de persuasion et de compréhension des enjeux et besoins de chacun demande plus de temps mais se révèle bien plus efficace dans la durée. Aujourd’hui, on sait combien “La sécurité psychologique est le secret des équipes créatives et performantes”.

Vers une sixième catégorie de besoins ?

Dans son article de Sciences Humaines, le journaliste scientifique Marc Olano rapporte qu’en fin de vie, “[Maslow] évoque même un sixième palier, le dépassement de soi. Ce niveau, situé au-dessus de l’accomplissement de soi, serait celui des expériences d’ordre mystique (spirituelles ou laïques, états de conscience modifiés…). Ces vécus dépasseraient les limites habituelles de l’expérience humaine (le transcendant).” Cette dimension n’étant pas du tout reconnue en entreprise car jugée comme inutile ou intime, l’enseignement de la la théorie de la motivation est resté bloqué sur la hiérarchisation en pyramide des cinq catégories de besoins.

Pourtant, la spiritualité est inhérente à la nature humaine quelles que soient les convictions religieuses ou philosophiques. Et ce n’est pas parce qu’on n’en parle pas dans l’entreprise que la spiritualité n’existe pas, même au plus haut niveau. La lecture des biographies d’entrepreneurs célèbres est souvent surprenante et très éclairante. Qu’est-ce qui nourrit la motivation, la force et l’énergie exceptionnelles des plus grands visionnaires et capitaines d’industrie si ce n’est la satisfaction en partie de leurs besoins spirituels ?

Photo en haut : © Sciences Humaines Magazine


Vous voulez développer vos compétences en management, communication ou prise de parole ? Contactez-moi ici pour un coaching individuel ou une formation en groupe.


Merci d’avoir lu ma newsletter.
Pour encore plus d’inspiration et de conseils pratiques en management, communication et prise de parole en public : consultez mes précédents articles ici.
Si cette newsletter vous a été transférée, cliquez ici pour vous inscrire.


photo de Reed Hastings, Co-PDG de Netflix

Relevez le défi du télétravail et de la communication informelle

Pour promouvoir la sortie de son livre de conseils en leadership et management “La Règle ? Pas de règle : Netflix et la culture de la réinvention”, Reed Hastings, le PDG co-fondateur de Netflix fait la tournée des grands médias. Dans le Wall Street Journal, son opinion sur le télétravail peut surprendre, surtout de la part d’un des géants du web :

WSJ : Quels éléments de la culture Netflix sont plus compliqués à maintenir quand tant d’employés travaillent à domicile ?
RH : Maintenant, il est plus difficile de débattre des idées.

Avez-vous vu les avantages des personnes travaillant à domicile ?
Non. Je ne vois aucun élément positif. Ne pas pouvoir se réunir en personne, notamment à l’international, est un vrai inconvénient.

Bien que son interview date de septembre 2020, pourquoi est-il peu probable que son opinion ait changé aujourd’hui ? Parce que nos besoins humains fondamentaux restent insatisfaits pour la plupart d’entre nous lorsque nous sommes davantage en télétravail qu’en présentiel. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’il est vécu comme une contrainte, une obligation, et non comme un choix.

Des besoins humains universels et insatisfaits

Alors que nous célébrons un an d’évolutions majeures dans l’organisation du travail de bureau – et ce n’est pas fini – , il est intéressant de se souvenir d’un conseil judicieux de Jeff Bezos : Face au changement rapide, concentrez-vous sur ce qui ne changera pas. Et ce qui ne changera pas, ce sont les aspects fondamentaux du comportement des humains et ce qu’ils désirent. C’est pourquoi l’apprentissage de quelques notions clés en matière de psychologie serait d’un grand recours pour tous les dirigeants pour adapter leur style de management quelles que soient les conditions de travail.

Dans le documentaire de Netflix “Derrière nos écrans de fumée”, Anna Lembke, Directrice médicale de la médecine contre les addictions à l’université de Standford, nous apprend que “l’être humain a ce besoin viscéral d’être en connection avec ses semblables. Ça permet de libérer une dose de dopamine et d’affecter le circuit de la récompense dans le cerveau. Des millions d’années d’évolution ont conduit à ce que ce système soit mis en place. Le but est qu’on se réunisse en groupe, en communauté, et qu’on se reproduise, pour que notre espèce perdure.”

Il est intéressant de noter que la plupart des technologies que nous exploitons, et peut-être même apprécions, consistent à reproduire des expériences de la vie réelle. Mais le sentiment général est que le contact virtuel n’est qu’un substitut bon marché au contact réel. La cause principale c’est la disparition de la communication informelle, surtout lorsque le passage au télétravail n’a pas été bien préparé.

Le big impact des small talks

Les small talks manquent à beaucoup d’entre nous : croiser des collègues dans le couloir, discuter des plans du week-end ou d’un grand projet sur lequel on travaille, se trouver au bon endroit au bon moment, avoir donné à quelqu’un une information manquante… Vous n’aviez peut-être pas réalisé à quel point ces conversations importaient jusqu’à ce que vous vous retrouviez à travailler à domicile.

Cette communication informelle aide les gens à se sentir émotionnellement connectés et stimule la collaboration et la créativité. Elle facilite la circulation des connaissances et des informations. Elle contribue à réduire l’absentéisme, le turnover du personnel et à améliorer la performance organisationnelle

Bien que le télétravail empêche la survenue des small talks, les managers peuvent trouver des moyens de l’intégrer dans des environnements virtuels. Ils se doivent d’être plus proactifs pour créer du lien, rassembler les équipes, libérer du temps pour se parler en régulant la charge de travail, gérer les réunions plus efficacement avec une meilleure préparation et une participation inclusive de chacun.e, et encourager l’entraide entre collègues.

Interview de Nathalie Dray, Directrice de la communication & RSE de The Walt Disney Company France

Pour Nathalie Dray, Directrice de la communication et RSE de The Walt Disney Company France, maintenir le lien et la discussion au sein de son équipe est primordial. Elle a notamment mis en place un outil simple et efficace : une réunion quotidienne à 9h30, qui dure entre trente minutes et une heure en fonction des sujets traités. Elle a pris le temps de répondre à quelques questions et je l’en remercie vivement.

Comment vous est venue l’idée d’organiser ces réunions quotidiennes ?
Nathalie Dray : Lors du premier confinement, l’idée s’est très vite imposée comme une évidence d’abord par la charge de travail qui nécessitait des échanges quotidiens pour définir les priorités des uns et des autres, ensuite pour garder le contact et la dynamique de groupe de l’équipe.

Quel est le déroulé type de ces réunions ?
C’était très simple. Prendre des nouvelles des uns et des autres puis les urgences et répartitions des tâches. Ça paraît très structuré comme ça mais on s’est organisé au fur et à mesure et ça a été très fluide.

Quels sont les bénéfices pour vous en tant que manager du département ?
Le premier était de vraiment garder tout le monde « on board ». On n’avait que très peu expérimenté le télétravail dans l’équipe. Et nous devions lancer Disney + le 7 avril 2020, en plein confinement ! Donc il fallait être efficace ensemble même à distance.

Quels sont les bénéfices pour vos collaborateurs.trices ?
Ils m’ont tous dit avoir beaucoup apprécié ces réunions quotidiennes et qu’elles ont donné le « la » de leurs journées. Elles leur ont permis de garder un rythme de travail. Surtout en période de confinement, ça nous a aidé à garder le cap. Ça a boosté leur moral. Je pense qu’on a apprécié de se retrouver tous les matins presque comme un rituel.

Des best practices à partager ?
Je me suis rendue compte qu’il fallait préparer ces réunions encore plus que les autres parce qu’en Zoom on peut vite déraper et perdre son temps en bavardage. Il faut aussi savoir s’adapter et ressentir l’esprit dans lequel se trouve l’équipe, ce qui n’est pas évident à distance et en même temps on ressent assez vite si les personnes sont 🤔  😴  😡 😆 Il faut arriver à canaliser l’énergie, lâcher du leste ou au contraire booster le moral. En période difficile, la dynamique de groupe est essentielle. Même si nous sommes une équipe très soudée, ça se travaille :

  • Être attentive au moral de chacun, 
  • Donner la parole à chacun, 
  • Valoriser le travail effectué, 
  • Laisser le temps pour plaisanter et rigoler, 
  • Passer un coup de fil après la réunion pour discuter avec certains ou envoyer un sms pendant la réunion à d’autres.

Beaucoup de petites choses individuelles qui nourrissent cette dynamique collective. Aujourd’hui, nous sommes toujours en télétravail donc on veut garder le rythme et le lien.

Photo en haut : © Austin Hargrave / Netflix


Si vous êtes intéressé pour développer vos compétences en management, en communication ou en prise de parole en publiccontactez-moi ici pour un coaching individuel ou une formation en groupe.


Merci d’avoir lu ma newsletter.
Pour encore plus d’inspiration et de conseils pratiques en management, communication et prise de parole en public : consultez mes précédents articles ici.
Si cette newsletter vous a été transférée, cliquez ici pour vous inscrire.


photo d'un groupe de collaborateurs en train de discuter pendant une pause

Télétravail : la communication informelle est-elle utile ?

Combien de fois avez-vous tenu compte de la rumeur ou du sentiment ambiant parmi vos collaborateurs pour préparer vos prises de parole et événements internes ? Vous savez que vous obtenez de meilleurs résultats en matière de motivation des équipes quand vous tenez compte de ce qui les préoccupe véritablement. Quelle est l’importance de la communication informelle au sein des organisations en ces temps de télétravail ?

Si les cours pullulent sur les stratégies de communication, l’usage de la data, les campagnes de réseaux sociaux, etc. la communication dite informelle est un parent pauvre de la recherche et de l’enseignement alors qu’elle interfère fortement avec le management de l’entreprise. Elle est sans doute délaissée car elle ne peut pas être contrôlée ou mesurée. “La communication informelle est une des formes du non-dit dans l’organisation. Elle peut prendre la forme d’apartés, de relations particulières, de bruit de couloirs, de rumeurs. Il s’agit là d’un second réseau de communications, toujours présent, même invisible, non formalisable, difficile à détecter, beaucoup plus diffus et lâche que le premier, mais exerçant toujours une influence certaine au réseau des représentations individuelles et collectives des membres de l’organisation.” (Jacques Ardoino in “Dictionnaire de la communication”)

La communication informelle, est-elle utile ?

De 1979 à 1990, Margaret Thatcher est la Premiere ministre de la Reine d’Angleterre. Nul n’ignorait à l’époque les tensions entre les deux femmes. Dans son article des Échos “Maggie, l’autre reine”, Tristan Gaston-Breton décrit le style de communication interpersonnelle de la cheffe du gouvernement comme souvent raide, sans humour et pragmatique à l’excès. Les visites à Balmoral, dans le château de villégiature des Windsor, sont une tradition pour tous les premiers ministres qui s’y rendent au moins une fois par an. “Margaret Thatcher n’apprécie guère ces séjours obligés en Ecosse, dont elle ne comprend pas très bien l’utilité ni l’intérêt. (…) elle ne comprend pas que le séjour à Balmoral, avec ses barbecues et ses pique-niques, répond depuis toujours à un objectif précis : créer des liens personnels entre la reine et son Premier ministre.”

En somme, quelles que soient l’organisation et sa structure hiérarchique, nous avons besoin de ces moments d’échanges informels pour créer des liens plus personnels avec les autres. Ces conversations imprévues à l’occasion d’un café, d’une pause, d’un déjeuner, permettent de vider son sac, faire redescendre la pression, réaliser que nous ne sommes pas isolés, trouver des solutions, nous sentir compris, recevoir et apporter de l’aide. Ces moments contribuent tout autant à la culture de l’entreprise et à la motivation des équipes que les rendez-vous et les canaux officiels de la communication interne.

L’impact du travail à distance

L’une des conséquences directe du télétravail est de voir les échanges entre les collaborateurs se réduire au strict minimum, aux échanges formels, puisqu’ils ne se croisent plus physiquement au bureau. Le professeur en psychologie des affaires Tomas Chamorro-Premuzic liste les conséquences psychologiques au travail à domicile sur le long terme : solitude, anxiété et stress. Et son argument se tient : “Il n’est pas possible d’effacer simplement notre évolution et de remplacer des millions d’années d’interaction en personne par des communications technologiques ou virtuelles.” À cause du confinement abrupt dû à la pandémie du Covid-19, “la généralisation du travail à distance mal préparée augmente les risques psychosociaux” note Anne Rodier dans son enquête du Monde. 

Cet article “Télétravail : comment créer une culture d’entreprise à distance” publié dans l’HBR en février 2020, se veut être un playdoyer pour le télétravail en arguant que la culture d’entreprise demeure inchangée. Or, on y apprend que, dans les entreprises qui jouent la carte du télétravail à 100%, le besoin des salariés de se retrouver physiquement, de travailler ensemble dans le même lieu ou de faire connaissance plus personnellement avec leurs collègues reste intact. Certes, ces entreprises réalisent de grandes économies en éradiquant les frais immobiliers des bureaux. Mais elles découvrent qu’elles doivent compenser d’une façon ou d’une autre le déficit de contacts humains en présentiel sur le long terme. Par exemple, les sociétés américaines Comet et Gitlab versent 250 euros par mois à leurs collaborateurs pour louer un espace de coworking avec leurs collègues quelques jours par semaine. Ça coûte toujours moins cher que la location et l’entretien d’immeubles à l’année.

Travail à distance et communication informelle : une alliance possible

Aujourd’hui, de très nombreux experts et chercheurs en organisation du travail recommandent une mise en place du travail à distance en discussion avec les collaborateurs dont les besoins diffèrent en fonction du métier, du niveau hiérarchique, de l’état de santé et de la situation familiale. Une recommandation semble se dégager des interviews et des articles publiés en France : un à deux jours de télétravail par semaine pour les collaborateurs qui le souhaitent. Une combinaison entre présentiel et distanciel qui pourrait convenir aux us et coutumes français. D’ailleurs, le travail à distance a considérablement reculé en France avec une moyenne nationale de 15% fin août contre 27% il y a trois mois.

Avec la généralisation du télétravail, Isabelle Barth, professeure en science du management à l’université de Strasbourg, propose de rester vigilant dans sa tribune publiée dans Le Monde : “La tentation est grande de vouloir « rationaliser », en supprimant tous les temps « improductifs », puis, pourquoi pas, ensuite, tous les « improductifs » ? Ce serait bien sûr penser le court terme. Il faut savoir résister à la tentation et réinventer les modalités de travail, sous peine d’avoir à affronter à moyen terme, le chômage, la perte de sens, les dépressions pour isolement, et une perte de qualité qui se fonde sur le « faire-ensemble ». La vraie question que pose le télétravail, c’est celle de l’utilité du travail.”

“Faire-ensemble” n’implique pas forcément d’être toujours ensemble. Mais réfuter notre instinct grégaire c’est nier notre nature profonde d’animal social, c’est-à-dire d’être humain. Et le lien se manifeste par la présence et la communication entre les individus lors d’un bonjour matinal, d’une pause café, à déjeuner, au détour d’un couloir, en off en réunion, au pot de départ à la retraite…

Photo en haut : © Canva


Si vous êtes intéressé pour développer vos compétences en management, en communication ou en prise de parole en publiccontactez-moi ici pour un coaching individuel ou une formation en groupe.


Merci d’avoir lu ma newsletter.
Pour encore plus d’inspiration et de conseils pratiques en management, communication et prise de parole en public : consultez mes précédents articles ici.
Si cette newsletter vous a été transférée, cliquez ici pour vous inscrire.