Mon travail de coach consiste bien souvent à accompagner le changement du récit qu’une personne se fait à propos d’elle-même et de son entourage. Ces histoires restent inconnues pour ses proches ou ses collègues car elles prennent vie avec son dialogue intérieur. Chacun de nous a une petite voix intérieure avec laquelle il entretient un dialogue quotidien.
Cette voix est très bavarde puisque nous aurions 6200 pensées par jour en moyenne. Selon les travaux du psychologue et chercheur américain Russell Hurlburt, on passerait, en moyenne, le quart de notre vie éveillée à se parler intérieurement. Ce dialogue intérieur prendrait la forme d’une voix pour la plupart d’entre nous mais aussi d’images mentales pour d’autres, un peu comme un service de streaming vidéo en continu.
Cette petite voix intérieure se construirait lentement dès la jeune enfance. D’ailleurs, si vous observez un enfant jouer seul, il est fréquent de l’entendre décrire à voix haute les pensées qui traversent son esprit. C’est plus tard dans l’enfance que le discours s’internalise et que se développe un véritable dialogue entre nous et notre petite voix. Elle joue un rôle fondamental sur le plan de la cognition. Elle nous aide à apprendre, à mémoriser, mais aussi à réfléchir, à s’autoréguler et à se motiver. Elle est très utile tout au long de notre vie.
Le discours intérieur se distingue par l’utilisation du « je » ou du « tu » quand on s’adresse à soi-même : « Je dois passer à la banque » ou « Allez, tu vas y arriver, encore un coup! ». On croit que l’utilisation du « je » serait davantage associée aux tâches de planification et de réflexion; quant au « tu », il serait davantage employé pour s’autoréguler ou s’automotiver, un peu comme si on portait un regard extérieur sur soi et sur ses gestes.
Parfois, c’est là précisément que le bas blesse. Ce discours intérieur peut avoir tendance à nous dénigrer et à nous démotiver. Il devient difficile de mettre un terme à la rumination mentale. Elle pourrit nos journées d’auto-jugements négatifs et elle prolonge nos insomnies de pensées déprimantes.
Imaginez la situation au travail. Il y a autant de dialogues intérieurs différents que de salariés. Chacun se racontant son histoire à propos de soi-même et des autres. Maintenant, vous visualisez les possibilités infinies d’incompréhensions entre les individus.
Pour le meilleur ou pour le pire, nos histoires façonnent ce que nous remarquons et la manière dont nous l’interprétons. Si, par exemple, vous considérez votre lieu de travail comme un champ de bataille, vous vous attendez à de l’hostilité. Vous êtes prêt à attaquer et à vous défendre. Vous risquez de mal interpréter les intentions des gens et de négliger les possibilités de collaboration. Il se peut qu’à un moment donné, vous deviez changer votre vision des choses pour en adopter une qui vous permette de poursuivre de nouveaux objectifs ou de faire les choses différemment. Un accompagnement peut être alors aidant.
Vous n’êtes pas votre dialogue intérieur
Pour éviter les auto-dénigrements, il convient de savoir prendre de la distance avec sa voix intérieure en l’externalisant. Vous devez vous rendre compte que ce n’est pas votre voix mais celle de vos peurs. Mieux vous parvenez à repérer la voix de la peur en action, plus les stratégies seront efficaces.
Dites-vous que cette voix vous harcèle. Chaque jour, elle vous dit que vous n’êtes pas suffisamment bon, que vous devez travailler plus, que vous n’avez pas le droit d’échouer et vous devez tout accomplir à la perfection – elle vous prévient que dans le cas contraire, tout le monde saura que vous êtes un imposteur. La voix vous effraye et vous oblige à obéir en échange de quoi elle vous protègera. Mais cette voix est votre ennemie et non votre amie. Elle ne se soucie pas de protéger vos intérêts.
Si la notion de harcèlement ne vous évoque rien, vous pouvez transformer la voix en une autre personne, en une créature ou en un personnage ridicule dont vous pouvez vous moquer – tout ce qui vous aidera à la désavouer et à constater que cela ne vaut pas la peine de l’écouter. Donnez-lui un nom, par exemple Satanas. Ainsi à chaque fois que cette voix maléfique s’insinue en vous, vous lui dites à haute voix : “Vade retro Satanas !” ou plus familier “Vas te @#$?%… Satanas !”
Avoir une parole impeccable
Trop longtemps vous avez cru que l’autocritique vous aidait à avancer, alors qu’en réalité, elle produit l’effet inverse. Même si elle est votre propre voix intérieure et non celle d’une personne externe, le résultat est exactement le même.
Demandez-vous pourquoi vous voulez réussir ? Pour vous sentir bien ? Pour être heureux ? Pour prendre confiance ? La critique remplit-elle ces objectifs ? Il est probable que non. Vous parler avec une approche empathique fonctionnerait mieux. La compassion est un ingrédient essentiel de la vie. Elle vous apprend à vous soutenir et à vous motiver par la gentillesse et non par la critique.

Peut-être connaissez-vous cet ouvrage de développement personnel : “Les Quatre accords toltèques” de Don Miguel Ruiz. Il a le mérite d’être synthétique et clair. Avec ses quatre principes, il couvre le champ de quasi toutes les problématiques relationnelles personnelles et professionnelles.
“Le premier accord est “Que votre parole soit impeccable”. Voilà qui a l’air simple mais en réalité c’est très très puissant. Pourquoi faire attention à votre parole ? Parce que votre parole est votre pouvoir créateur. (…) Si elle réussit à capter notre attention, une parole peut pénétrer notre esprit et changer toute une croyance, en mieux ou en pire. (…) Avoir une parole impeccable, c’est faire bon usage de votre énergie ; cela signifie que vous l’utilisez dans le sens de la vérité et de l’amour de vous-même.”
Vos pensées ne sont pas des faits
Pour des relations et des échanges apaisés avec vos collègues, votre voix intérieure peut aussi être maitrisée. Lorsque cette voix vous dit qu’une chose est vraie, ce n’est pas nécessairement le cas. Vous pouvez avoir le sentiment de ne pas être reconnu pour votre travail par exemple, mais ça ne signifie pas que ce soit vrai. Évidemment, vos pensées et vos impressions sont utiles, mais elles ne constituent qu’une partie du tableau.
Quand vous entendez cette voix, souvenez-vous qu’elle est une pensée, pas un fait. Il y a toujours plusieurs points de vue. Lorsque vous ressentez un malaise, rappelez-vous que ce n’est qu’une impression et pas un constat. Lorsque ces pensées et impressions surgissent, pensez aux différentes explications possibles.
Posez-vous les questions suivantes :
- Y a-t-il des preuves ?
- Est-ce que cela résisterait à un interrogatoire ?
- Est-ce que cela ne cacherait pas autre chose ?
- Qu’est-ce que j’en penserais si c’est un ami qui me l’avait dit ?
- Ai-je fait des expériences qui démontrent un point de vue différent ?
N’accordez pas d’importance à cette voix intérieure et ne croyez pas qu’elle a raison. C’est déjà pour vous un excellent point de départ.
Ne faites pas de suppositions
Là aussi, le troisième accord toltèque est d’une aide précieuse pour améliorer d’une façon considérable ses relations avec les autres. Nous avons tendance à faire des suppositions à propos de tout : sur ce que les autres font ou pensent et sur leurs raisons d’agir que nous interprétons de travers. Le problème est que nous croyons ensuite qu’elles sont la vérité. Puis nous en faisons une affaire personnelle, et nous finissons pas créer tout un drame pour rien du tout.
Don Miguel Ruiz écrit : “La plupart du temps ces suppositions sont effectuées très vite et inconsciemment. (…) Le meilleur moyen de vous empêcher d’en faire est de vous poser des questions. Vérifiez que vos communications soient claires. Si vous ne comprenez pas, demandez. Ayez le courage de poser des questions jusqu’à ce que tout soit aussi clair que possible, et même alors, ne pensez pas que vous savez tout ce qu’il y a à savoir sur telle situation. Lorsque vous aurez obtenu la réponse désirée, alors vous n’aurez plus besoin de faire de suppositions, car vous saurez la vérité. (…) Voici donc quel est le troisième accord toltèque : “Ne faites aucune supposition”. Formulé ainsi, cela semble facile, mais je sais combien c’est difficile à mettre en oeuvre.”
En communiquant clairement, toutes vos relations vont changer, non seulement avec tout le monde mais aussi avec vous-même.
Photo en haut : Dessin : droits réservés
Guilty Pleasure

À l’instar de sa grande sœur américaine, la première saison de “Drag Race France” a créé la surprise en 2022, dans le paysage audiovisuel français, avec un gros succès d’audience sur la plateforme vidéo France.tv. L’émission de télé-crochet pour drag queens, dont la saison 2 débute aujourd’hui, est désormais programmée sur la chaîne amirale du groupe audiovisuel public, France 2. Pourquoi ? 1 – Les valeurs de production sont élevées. 2 – “Drag Race France” est à elle seule un phénomène de société. La preuve : ce dossier spécial à lire dans le quotidien Le Monde.
“RuPaul’s Drag Race”, l’émission américaine originale qui a inspiré cette déclinaison française très réussie, existe depuis 15 ans. Elle a été déclinée avec succès dans plus d’une douzaine de pays dans le monde. La qualité de ce programme a été de nombreuses fois récompensée. “RuPaul’s Drag Race” a été nommée pour 39 Emmy Awards et en a remporté 24 !
“Drag Race France” saison 2 est à voir en direct sur France 2 et en replay.
Citation

RuPaul est sans doute la drag queen la plus célèbre au monde et son show tv “RuPaul’s Drag Race” est régulièrement récompensé par des prix depuis son lancement en 2009. Son syndrome de l’imposteur ne l’a jamais quitté mais il semble avoir appris à gérer son dialogue intérieur : “Je me sens comme un outsider chaque jour de ma vie. Je suis dorénavant en paix avec ce sentiment d’être un outsider. Je sais que c’est un mode de fonctionnement de mon cerveau. Ce n’est pas forcément la vérité car en fait tout le monde se sent comme un outsider, tout le monde le ressent.”
Et sa devise à chaque fin d’émission résonne comme un appel à la confiance en soi et à l’amour inconditionnel de soi :
“Si vous ne pouvez pas vous aimer vous-même, alors comment pourriez-vous aimer quelqu’un d’autre ?”
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